31 octobre 2005

Epiphanies toujours


Aéroport de Puyo, Equateur

Je passe des journées entières dans les studios de France Culture pour mon plus grand plaisir et pour l'atelier de créations radiophoniques:
Et par la même occasion, cela me donne l'opportunité de voir ce que peut être un plan straubien sonore:
En effet, une chronologie se déroule par des cartels contemplatifs sur le paysage, sur fonds d'ambiances sonores, et cela à chaque heure grâce à une épiphanie vocale, où ma voix s'intercalent avec une voix étrangère lisant mes textes avec peine...
Puis la chronologie du blog égrenne mes émotions quotidiennes orales sur des tableaux sonores...
Ainsi la temporalité du voyage se cristallise sur celle du plan fixe de 6h00 fait pour mon exposition du Palais de Tokyo qui ouvre ce vendredi...

30 octobre 2005

Jean Marie Straub et Danièle Huillet



Straub plus que Warhol est à l'origine du plan fixe: Il est bon d'en parler aujourd'hui et de payer nos dettes envers lui.
En effet, mon parti pris pour mon installation d'un plan fixe de 6h00 lui doit beaucoup:
Qu'est ce qu'un plan fixe ?
Un cadre, mais encore ce qu'il y a dans le cadre, et ce qui est montré.
Mon plan fixe montre un paysage, un paysage qui passe du jour à la nuit, dont l'ambiance sonore évolue avec la lumière, où les humains ne font que passer, où le privé n'est nullement dévoilé, mais où le spectacle de la vie d'une demie journée se déroule avec indolence au rythme des chants des femmes, et des gloussements des enfants.
Et puis, ce qui est entendu n'est pas vu, les sons viennent du dos de la caméra (le micro pointait le champ opposé de l'objectif...), endroit où la vie collective se déroule dans la maison du chef pendant la journée, le paysage lui, montre les demeures, où à la tombée de la nuit les familles s'en vont se coucher...
Ainsi le son dévoile une vie collective et l'image le paysage de cette vie sans que les deux ne se confondent, mais s'embrassent de temps en temps...
La vidéo et la webcam sont cela:
Elles décollent la temporalité de l'espace pour les acoller de façon psychotiques et épiphaniques...

29 octobre 2005

Nuit



La nuit est toujours fascinante, voir fantastique, les bruits nocturnes effraient, la forêt en nos contrées est peuplée de trolls, de démons, et se fait hostile...
L'amazonie, elle, vous tend les bras et déroule la symphonie de sa faune, qui se fait chaque jour différente et musicale, et toujours, toujours plus envoûtante, au point de devenir obsédante...

28 octobre 2005

Jungle



Le soir, les images, les sons et les effluves de la jungle ne cessent de me hanter lors de mon coucher. Car c'est le seul endroit que je connaisse où vous pouvez aisément trouver une vue, un panorama où rien ne laisse paraître une intervention humaine, pas même les lignes blanches et scintillantes dessinées par nos jets dans les cieux.
Juste soi, face à un désordre organique qui vous carresse dont même l'air se fait matière: son humidité, sa densité, sa richesse oxygénée vous carresse le corps et vos poumons d'une façon si sensuelle.
Je ne peux décrire la sensation que l'on ressent lorsque lors de la tombée de la nuit, on prend son bain dans la rivière en faisant face à son cours et ses berges devenant hautes et sombres et disparaissant dans la lumière crépusculaire et les limbes brumeuses s'échappant des cimes.
Pas de noir, mais de la couleur cacao de l'eau, au ceruleum virant à l'outremer du ciel ruisselant sur les veines jades, porphyres, émeraudes et saphires de la forêt, vous ressentez la communion et la plénitude: aucun tourment mental, aucune angoisse, juste vous, un corps parmi d'autres, une petite vie perdue dans l'immense biodiversité, et une humilité souriante vous envahit.
De ma vie je n'aurais jamais senti un air si pur, pas une odeur nauséabonde, juste les parfums organiques des plantes, le musc des animaux, et l'humidité ambiante ayant sa propre saveur quand on daigne ouvrir la bouche et tirer la langue comme le font les petits enfants shiwiars.
Face à ces impressions, je ne cessais de me dire comment le douanier Rousseau avec "la charmeuse de serpents" avait si bien su retranscrire cela picturalement sans jamais s'être rendu dans de tels endroits ?

27 octobre 2005

Travail de Titan



Comme je l'ai précisé le travail a commencé, à savoir la production des pièces réalisées à Tanguntsa:

- Bon déjà le film retraçant les imppressions ressenties pendant l'expédition grâce à des plans séquences contemplatifs sur des scènes quotidiennes des shiwiars, vient d'être terminé sous la forme d'un DVD qui sera présenté le 4 novembre prochain.
Le DVD est le support logique pour un film numérique, car tout a été produit en numérique, heureusement d'ailleurs, car j'avais amené un appareil photo 24*36, et du fait de l'humidité, les films collaient en s'enroulant et se déchiraient lors du rembobinage, du coup, aucune photo émulsion n'a pu être ramenée à mon grand regret...
- Et puis reste le mixage des 5h50 de plans fixes pour l'installation qui est un travail fastidieux long et éprouvant:
- >nettoyer le son du bourdonnement d'une mouche qui scotche le micro de la caméra pendant 10 minutes et masque tout le reste
-> enlever les grosses tâches noires faites par un énorme objet vollant se posant sur l'objectif

bref, il faut le faire, point barre, et tout sera prêt en temps et en heure.
- Sans parler de journées dans les studios de Radio France pour mixer les sons ramenés pour l'atelier de création radiophonique.

J'en profite pour dire aussi, que le blog vient d'être nettoyé de ses fautes (je ne suis pas une bête en orthographe, j'ai fais ce que j'ai pu), et surtout les accents ont été rajoutés là où ils manquaient...

Bonne lecture

26 octobre 2005

La scolarité shiwiar


Ecole shiwiar

Au tout début de ce blog, j'avais posté une perle qui était la traduction écrite en langue shiwiar du texte des droits de l'homme. J'avais ironisé à ce sujet en écrivant "quelle ironie de publier un tel texte quand on sait que les shiwiars sont de tradition orale..."
Lors de mon expédition, j'ai fait une découverte:

A savoir que l'origine de cette traduction est la confédération shiwiar fondée par Pascual et Juan Kunchicuy.
Quelques explications:
Lors de mes conversations avec Pascual et Juan, le premier jour de mon séjour en Equateur à Quito, j'avais abordé le thème de leur acculturation et éducation américaine chez les salésiens: Deux années pour être "graduated", puis les deux frères à leur retour des USA, étaient rentrés à l'Université de Quito où ils ont obtenu leur diplôme d'état de guide touristique sur la biodiversité amzonienne. Et C'est en tant que guide, qu'ils ont commencé à vivre, d'où le fait que Pascual vive à Puyo ville hébergeant également, bon nombre d'hôtels, d'agences de voyages proposant des trecks en amazonie...
Au regard de cette industrie et des dégâts constatés sur certaines communautés comme les quichuas, qui désormais ne vivent plus sous des toits de palmes tressées mais sous des tôles, et qui ont de plus totalement perdus leurs connaissances de leurs milieux pour quitter la "rain forest" pour devenir des manutentionaires alcooliques de Puyo; les deux frères ont décidé de faire quelque chose qui puisse épargner leurs communautés shiwiars.
La première chose à faire étant de récupérer de la part de l'état équatorien les terres ancestrales, et pour cela, il fallait faire reconnaître comme ethnie indépendant les shiwiars d'où la nécessité de valoriser leurs traditions culturelles via une confédération qui puisse faire partie de la CODENPE (organisme de consultation de la cause indigène dépendant de la présidence de la république équatorienne) chose faite aujourd'hui; la deuxième chose à faire étant de rendre pérenne les traditions culturelles de leurs communautés par une politique d'éducation apropriée...

Il faut savoir que le père de Juan et Pascual est un très puissant chamane shiwiar frère du chef de Tanguntsa Gonzalo, et que ce chamane avait compris que sa communauté ne pouvait éternellement fuir les évangélistes en s'enfonçant toujours plus profondément dans la jungle, il avait également compris que plutôt que subir l'influence de ces colons mystiques qui n'avait pour objectif que d'effacer leurs traditions, il fallait devenir actif, comprendre de l'intérieur les pédagogies salésiennes de l'intérieur pour en faire un usage proprement shiwiar, et la meilleure façon de comprendre cela, était de faire subir à deux de ses fils un tel enseignement, et c'est ainsi que Pascual et Juan furent confiés aux Salésiens et passèrent deux années aux USA...

A leur retour, en toute logique, plutôt que suivre les salésiens et devenir leurs évangélistes, ils n'ont non seulement nullement renoncé à leurs pratiques spirituelles shiwiars mais ont répondu scrupuleusement aux désirs de leur père.
Et ils avaient compris que la force de conviction des salésiens venaient de deux faits:
- Une tradition culturelle forte
- Une écriture avec des textes sacrés.
Et ils ont décidé il y a trois années de créer pour la première fois de toute l'histoire de leur ethnie, une écriture shiwiar dérivée de l'écriture latine (espagnole), dont le texte des droits de l'homme est un premier exemple...
En plus de cette écriture, une politique de mise à l'écrit de tous leurs savoirs a été amorcés, la transcription en espagnol et langue shiwiar écrite des chants, avec enregistrements sonores des dits chants sur CD, la réalisation d'un DVD sur leur vie quotidienne ect... ect...
Et en Parallèle de tout cela, il y a une année la première école shiwiar a été crée à Tanguntsa prodiguant l'enseignement de l'écriture et la lecture des langues espagnoles et shiwiars.
Ainsi les techniques pédagogiques prodiguées par le salésiens sur Juan et Pascual sont reproduit dans l'école de Tanguntsa par les shiwiars eux mêmes à leur propre usage.

Ces politiques ont ainsi aidé à définir un territoire culturel lié aux communautés shiwiars, facilitant leur reconnaissance comme ethnie indépendante par l'état équatorien et expliquant également la facilité avec laquelle mon projet a pu être réalisé avec eux, car il y avait une convergence d'intérêts:
Mon projet est quelque peu instrumentalisé de leur part, car lors de mon retour, Pascual n'a pas manqué d'en parler en ces termes à la CODENPE (Présidence de la république):
- A savoir qu'un grands musée français s'intéressait à leur culture, le projet apportant ainsi à leurs politiques culturels shiwiars une caution internationale, facilitant ainsi désormais les demandes faites par cette communauté à l'état équatorien, que ce soit des subventions pour leurs écoles, ou la rétrocession de territoires:
Ainsi ils projettent de construire leur propre piste d'avion, pour ne plus dépendre des quichuas de Chona...

Ainsi à l'issue de ces discussions abordant ces thèmes, je me suis aperçu qu'il y avait un manque de moyens matériels flagrant pour prodiguer cet enseignement:
Lors de la préparation de ce projet qui ne peut exister sans les shiwiars, un budget fut dédié à leur cause pour l'achat de matériels qui leurs seraient nécessaires, et ainsi une partie du budget fut dédiée à l'équipement de cette petite école (la photo), pour qu'elle puisse avoir un tableau, des craies, un tampon effaceur, et un cartable complet pour chaque écolier; ainsi que l'électrification par panneaux solaires de la petite école...
Ce fut chose faite avec grand plaisir, j'ai d'ailleurs publié sur ce blog les photos de Pascual (à sa demande) de la remise de ce materiel scolaire, à chaque enfant et professeur qui fut faite de façon assez solennelle (ils ont organisé cette petite cérémonie) ce qui eut le mérite de me plonger dans une profonde gêne, mais l'émotion fut à la hauteur de leur geste...

25 octobre 2005

Le code vestimentaire



Sur les photos des personnes de cette communauté, vous avez du avoir la surprise de voir des logos "adidas", "nike" ou "puma"...
et oui même ces marques sont présentes dans cette région.
Non les shiwiars ne sont pas "fashion victims", mais apprécie toutes nos commodités:
ainsi les bottes en caoutchouc de marque "venus" équipe toute la population amzonienne, car dans cette région marécageuse, boueuse et infestée de serpents venimeux, elles restent la meilleure protection !
Et puis les tee shirts, et les pantalons font économiser du temps: nul besoin de tisser des tissus, nul besoin de se drapper, on les enfile et on les laves dans le rio...
Ainsi les vêtment blancs finissent marrons, car à force d'être lavée dans l'eau boueuse du rio grande, ils finissent par en prendre la couleur.

L'origine des vêtements est simple à deviner, depuis que cette communauté reçoit en moyenne par an 10 touristes, cela fait 20 transports aériens qui sont autant d'opportunités pour ramener des marchandises de puyo, sans parler des vêtements offerts par les ONG, et les visiteurs de passage.

Et comme à leur habitude, ils défient le temps en respectant un tant soit peu leurs traditions (bas bleu pour les hommes), et lees maquillages faciaux sont toujours de vigueur... de même que les parures de graines et de plumes...

24 octobre 2005

La cuisine shiwiar



Quand je suis arrivé dans cette communauté, pour des raisons humanatires (ne pas peser sur la communauté), sanitaires (déficience immunitaire de ma part en un tel milieux), et puis par a-priori culturel (je ne peux pas manger d'insectes, et certaines viandes), j'avais apporté ma propre nourriture...
Puis vivant avec la communauté, déjeunant avec elle, dînant avec elle, ses membres me voyaient ouvrir mes sachets déshydratés, ils rigolaient, et moi je voyais de magnifiques fruits (ananas, bananes, mangues, papayes) défiler et j'en salivais...
Et je ne parle pas des effluves alléchantes qui venant de l'espace des femmes me chatouillaient les narines...
Dès le deuxième jour, ma nourriture fut viciée par des milliers de fourmis qui avaient réussi à percer les paquets et les envahir, c'en était réglé de mes provisions...
Alors j'ai décidé au prix d'une turista carabinée de suivre le régime alimentaire indigène et ce fut une vraie surprise gastronomique...
- Les poissons chats fraichement pêchés cuisinés en papillottes dans des feuilles de bananiers avec des yukas, un vrai délice indescriptible dans nos codes culinaires
- Les oiseaux divers bouillis dans des soupes mêlant légumes que je n'ai pu identifiés et piments oranges (sauvages) avec des bananes, j'arrivais presqu'à préférer cette recette à celle du 'pot au feu'...
- Le pécari grillé (1 sorte de cochon sauvage)
Bref, lors de la venue de Pascual, j'ai bien envie de solliciter sa confédération pour qu'ils publissent en plus de leurs magnifiques chants (un CD sera présenté à la rencontre du 4 Novembre), un livre de recettes shiwiars...
Car je n'ai jamais rien lu sur la cuisine des différentes tribus et je dois dire que cela fut pour moi une expérience culinaire extrêmement sensuelle et gustative...
Malgré les efforts que j'ai pu fournir, je n'ai pu partager leur plaisir à manger des fourmis et des gros verres blancs qui rongent l'intérieur des troncs pourris...
Il paraît que les fourmis sont succulentes (je leur fais confiance question goût) et que les vers sont extrêmement sucrés comme des douceurs...
Mais là je n'ai pu surmonter mon a-priori culturel... et je le regrette car c'était stupide de ma part et j'ai fait preuce d'une certaine lâcheté...

23 octobre 2005

Tanguntsa



Je vous ai souvent parlé de Tanguntsa, je vous ai égelament présenté les habitants de cette communauté au plus profond de l'amazonie avec des photos, mais rentrons un peu plus dans les détails:

- Tout d'abord mon guide qui se trouve être le chef et un des fondateurs de la confédération shiwiar Pascual Kunchicuy est le neveux du chef de la communauté nommé Gonzalo, Daniel qui est le voisin direct de Gonzalo dans le petit village est le frère de Pascual. Gonzalo a deux épouses, Daniel également, Pascual en a une seule, trois enfants et vit à Puyo.
Voilà le peu que je sais sur les liens de parenté liant les habitants de cette communauté que j'ai visitée.

- Cette communauté comporte 6 hommes, 6 femmes, et 14 enfants, parmi les hommes, vous aurez remarqué qu'il y a deux célibataire dont 1 qui est en fait comme le nomme la communauté "le gentil attardé"...
C'est une personne attachante jeune toujours dévouée, handicapée mentale qui ne fait l'objet d'aucune exclusion, mépris et rejet de la part de la communauté, au contraire tout le monde le soigne, et s'occupe de lui avec grande gentillesse et compassion contre de menus services quotidiens.

Maintenant que je suis en studio en train de dérusher mes vidéos pour l'installation qui sera présentée au Palais de Tokyo le 4 novembre prochain, je ne vous cache pas que cette communauté me manque terriblement. Heureusement je reverrai Pascual dès la semaine prochaine...

22 octobre 2005

Le travail commence



Après le voyage, l'expérience humaine vécue, le travail commence. Cette journée fut dédiée au dérushage des sons et vidéos et matériaux visuels récoltés in situ, afin de réaliser et produire ma pièce. Cela est toujours fascinant de confronter la mémoire morte des images à la mémoire subjective que l'on a de ses propres expériences:
La confrontation de l'oeil électronique à mon regard est terrible, la mémoire subjective nourrie de ses trous mémoriels, de ses déformations subjectives devient poétique voir un rêve, une fiction... La vidéo et la photo deviennent documents, et par leur nombre, un stock d'éléments sans hiérachie sémantiques dont tous les éléments sont nivelés entre eux par les faits enregistrés....
De l'expérience, on passe au 'désordre' qui est un 'ordre matériel', et maintenant tout mon travail va être de reconstruire un "ordre" qui fait sens entre tous ces éléments rapportés...

21 octobre 2005

Iberia la meilleure compagnie aérienne

Tout d'abord j'arrive très en avance à Mariscal airport de Quito pour être le premier passager enregistré sur mon vol afin de ne pas avoir d'ennuis:
Je tombe sur une charmante équatorienne blonde, ravissante, à qui j'arrive à coup de sourires et d'oeillades à lui faire accepter mon surpoids de 15 kg, et à la convaincre que je puisse garder ma précieuse petite valise avec tout mon matériel électronique, mes enregistrements sonores, vidéos et photos avec moi en cabine. Ravi je me dirige vers le bureau en charge des taxes aéroports et sur mon chemin un nabot arrogant arborhant fièrement son logo ibéria sur son pectoral me stoppe en me disant, que je ne peux emporter en cabine cette précieuse valise (qui respecte le format "cabine" tel que défini dans les conventions IATA), je lui explique donc avec un sourire, le contenu de cette valise, lui rappelle cette fameuse convention et conclut par lui dire que les bagages ont déjà été enregistrés, et que la charmante dame m'a donné son autorisation...
Là piqué à l'endroit de sa virilité, il prend la mouche et juge important de se placer vis à vis de la dite dame, ce à quoi je répond que sa position m'importe peu et je poursuis mon chemin.
Il me rattrappe et me saisit le poignet, je lui demande de se calmer, et lui propose gentiment 5 dollars qu'il empoche tout en saisissant ma valise pour la mettre en soute...

Je ravale ma colère, me dit qu'IBERIA affiche fièrement sur le nez de ses avions le logo IATA et que mes bagages arriveront en même temps que moi à bon port...

Je monte dans le airbus A 340, le vol débute bien puisque je suis facsiné par ce qui passe dans le petit hublot (voir mon post précédent), et cela se gatte très vite quand une dame digne d'un hospice gériatrique, arrogante, soi disant hôtesse, m'engueule en espagnol, je lui répond en anglais et me dit qu'elle ne comprend pas l'anglais, je lui répond "tout à fait normal pour un vol international", elle laisse tomber puis me fout la paix.
Viennent les repas, les passagers sont restés coincé derrière les plateaux 2h00 !!!, parce que le personnel volant était très occupé à débattre de je ne sais quoi.
J'ai fini par me lever avec mon plateau pour aller aux toilettes, et là dans l'allée on me demande d'aller me rassoir, je n'obéis pas, colle le plateau dans les mains de la vieille hôtesse, et m'en vait faire ce que j'ai à faire, le reste des passagers ont fini par m'imiter, ce qui a finalement provoqué le débarassement des dits plateaux...
Quand est venu le breakfast, je l'ai refusé par peur d'être encore bloqué deux heures sans possibilité d'allonger mon dossier derrière ces foutus plateaux repas aux goût infecte !

J'arrive à Madrid , fait mon transit et prend mon vol madrid - paris:
On me propose en guise de déjeuner un plateau "sandwich salami" que j'accepte, je me régale, et, on vient après mon repas me demander 7 euros ! mon voisin et moi, on en est resté baba !!!
Vient la tournée du café, je me dis cela doit être gratuit, vlan 1 euro 50 !
Là excédé, je demande à l'hôtesse "Qu'est ce qui vous différencie d'easy jet à part le prix ?" Mon voisin pouffe de rire en me disant "you're so right" et l'hôtesse tourne les talons furieuse...
Là je finis par fouiller les poches du dossier de siège en face de moi sous le plateau et je tombe sur le magazine de la compagnie avec en couverture un ppersonnage sorti d'aune mauvaise série B:
Un type en costume noir rayé assis sur des marches, les jambes croisée finies par des souliers noir bien brillants, le coude appuyé sur le genoux, le menton posé sur le poing, un sourire niais vaguement esquissé, le ton hâlé, des yeux éteints coiffés de sourcils 'amazoniens', le tout donnant une expression faciale digne de Julio Iglesias chantant "Vous me reconnaissezzzz...."
Bref c'est une huile d'IBERIA qui dit "Our main focus: ponctuality and good service", là je lâche à terre ce torchon à la gloire personnelle des dirigeants d'IBERIA et me dis au plus profond de moi même "de vrais champions du service".

J'arrive à Paris, j'attend une heure mes bagages, rien ! je me dirige vers le bureau Iberia: personne ! je vais voir le bureau ADP "On n'est pas surpris, Iberia paume systématiquement ses bagages !" on me donne un numéro de téléphone: il est bidon, je tombe sur une hotline pour chauffage...
je trouve le 'call center' sur internet, j'appelle et on me donne pour toutes réponses "Nous ne savons pas si vos bagages sont partis de quito, ou sont à madrid ou ailleurs", là je demande à quoi servent les codes barres sur mes sticker bagages, pas de réponse et là je passe, posément, poliment, un savon sévère en évoquant leur responsabilité juridique vis à vis de ces bagages, les clauses de la Convention de IATA dont ils affichent fièrement le logo sur leur avion, et finit par une estimation des dommages et intérêts à payer en cas de non livraison des bagages:
A savoir que l'on m'a forcé à mettre en soute cette foutue valise, qui est maintenant perdue et qui aurait pu m'accompagner comme à l'aller en cabine, et j'ai finis par leur dire à quel point la presse allait aprécier qu'une exposition allait être annulée dans un musée parisien grâce à Iberia, surtout quand on sait que la dite valise fait deux voyages en jungle en pirogue, coucou sans encombres et qu'il faut qu'elle arrive chez IBERIA pour être perdue, le ton de mon interlocuteur jusque là désinvolte change et j'entend un impérieux "je prend note".

Je rappelle à 00h00; toujours rien, la ppersonne de l'agence de voyage qui a émis mon billet se trouve être mon ex-épouse, je l'appelle et l'informe de la situation et lui demande de mettre la pression sur la direction d'Iberia aux premières heures et de me donner des nouvelles.
Je passe un nuit d'angoisse donc blanche !
le matin à 10h00, mon ex-épouse Elsa, m'annonce que mes bagages ont été retrouvés et arrivent par le vol de 10h50, j'ai filé de derechef à CDG, attrapé mes bagages et suis rentré illico... pour me mettre enfin au tavail...

Vous voulez souffrir, être angoissé, être stressé et être raquété, volez avec IBERIA ! vous serez servis !!!

20 octobre 2005

Le décollage de Quito pour arriver à Guayaquil...







Assis près de ma fenêtre dans le airbus A 340 en partance pour Madrid via Guayaquil, au coucher du soleil, un spectacle lumineux incroyable s'est joué entre les différents nuages et volcans entourant Quito: Cotocachi et Cotopaxi faisant briller les seules neiges éternelles que je connaisse sous ces latitudes....
Puis l'obscurité tomba éteignant ces feux célestes ppour laisser place aux rivières sans fins scintillantes d'léctricité de Guayaquil...

19 octobre 2005

Dernier diner à Quito



Hier, nous avons pu porter le dossier complet à l'ambassade de France pour le visa de Pascual qui lui sera remis demain...
Vraiment sans eux la rencontre du 3 Novembre, allait a l'eau, encore mille mercis...
Puis je m'en suis retourné à mon hôtel où je me suis reposé et ai travaillé avec mon toshiba portege (machine redoutable) sur le blog...
Et en fin d'après midi, j'ai eu l'heureuse surprise d'avoir la visite de Pascual et de son assistante Clarita qui revenaient de la CODENPE où il avait un rdv (Organisme de consultation de la présidence de la république équatorienne pour la cause indigène). Elle m'a également offet des objets: un dream catcher, un mobile shuar, des colliers, un livre ect....
Et elle est allée de son discour pour nous remercier, le palais de tokyo et moi, sur la précieuse aide que l'on a apporté à leur communauté. Nous avons apporté cette aide en contre-partie de leur hospitalité et voilà qu'ils se confondent en remerciements et me plongent dans une gêne; cela est émouvant, je lui ai tout de même dit que j'appréciais sa générosité, mais vraiment ce que nous avons fait était parfaitement normal et nécessaire.
Puis derrière l'hôtel nous sommes allés dîner dans un restaurant dont la façade impressionne avec son énorme crabe. Le dîner fut arrosé de margaritas et de cervezza, une grande fatigue m'atteignait quand la discussion a glissé sur le sujet de la fiesta organisée à Tanguntsa:
Pascual racontait a Clarita qu'il avait été le DJ ce soir là, et Clarita horifiée lui dit: "Tu appelles cela de la culture shiwiars? toi tu n'es que le vomis de l'occident..." bien sur tout cela dans les éclats de rire. Je demandais tout de meme de me traduire les dire de Clarita a Pascual, et, il confirme mes intuitions (je comprend assez bien l'espagnol sans le parler, car je parle italien...).
Alors je demandais à développer cette phrase, et elle me dit "Ce n'est pas grave pour les shiwiars qui restent des shiwiars, et, qui ont bien le droit de s'amuser comme ils veulent, mais faire ça devant toi, c'est pas bon pour les touristes qui ne veulent voir que de la tradition... les touristes ne doivent pas voir cela, sinon ils ne nous aideront pas, il faut que l'on donne l'image qu'ils attendent de nous..."
Pour ma part, je lui répondais que cela ne m'importais peu, ils ont bien le droit de faire ce qu'ils veulent et je n'ai aucune attente sur ce sujet à leur endroit, ils m'intéressent comme ils sont...

Cette annecdote montre, à quel point ces communautés ont un sens aigu du "marketing" (si je peux me permettre cette expression) à notre endroit et quels effets pervers génèrent les bonnes intentions de diverses associations de notre occident qui cherchent a les figer dans leur condition "d'indigènes".
Cela est terrifiant, et en poussant plus loin la discussion, en demandant qu'est ce qui lui permet de penser cela, et la, j'entend les mêmes noms d'associations et de personnes francaises et suisses que j'avais précédemment critiqué pour les stages de chamanismes organisés en France et en Suisse...

Mais le plus beau dans l'histoire, est que cette annecdote est la preuve vivante de l'intelligence diplomatique et politique des shiwiars...
en clair "Causez toujours, on fait ce que l'on veut et personne n'a le droit de faire les choix concernant notre futur à notre place" Si bien, qu'en fin politiciens, ils ne refusent aucune aide de qui que ce soit, mais ne se plient a aucune ingérence extérieures et font ce qu'ils veulent...

D'ailleurs Juan, le frere de Pascual m'avait annoncé la couleur dès le premier jour:
"Nous ne refusons pas l'aide des sallésiens, mais qu'ils n'attendent rien en retour, on ne renoncera pas à nos croyances, et si ils nous aident plus, d'autres nous aideront dans notre cause: notre terre, notre culture, nos choix sur notre destinée..."

Je ne m'inquiète pas trop sur le futur de cette communauté qui sait évoluer en tirant partie des meilleurs avantages de notre monde et du leur, comme je le disais, entre le bigotisme béat et beunet, et le neo-marxisme surrané, ils ont su trouver une troisième voie politique qui n'est pas idéologique mais pragmatique...

N.B: Je décolle cet am à 17h40 pour Paris: Shiwiars vous me manquez deja !!!

18 octobre 2005

Hasta la vista shiwiars !






Dans ma chambre du finlandia hotel, je me repose, et les bruits de la jungle me chatouillent toujours les oreilles, les odeurs flattent mes narines... Jamais une destination n'aura eu un tel effet sur mes sens, mon esprit et moi même. Si court aura été ce séjour (une petite semaine), il aura été riche en expériences et intense tant physiquement que psychologiquement... En effet, il faut mettre derrière soi tous ses acquis, à priori pour s'adapter au plus vite sans perturber la vie et les habitudes de qui que ce soit, dans une si petite communauté si isolée au plus profond de l'immensité amazonienne...
Malgré cet isolement, ils ne sont pas etanches à notre monde et bien au contraire, en si peu d'années, ils ont su créer leur propre écriture, système éducatif, adopter nos technlogies pour un usage propre à leur culture, et ont en plus développé des outils critiques vis à vis de notre monde, ne les prenez pas pour des naifs, ils sont de fins stratèges doublés de très fins politiciens...
Et on peut mesurer cela quand on voit dans quel pays ils ont su se faire reconnaître et respecter: Un pays surendetté, dont la monaie nationale n'a cours que pour la petite monaie, tout ce qui est billet est US dollars, sans parler de l'instabilité politique chronique...
Malgré toutes ces difficultés, ils savent préserver leur mode de vie en se faisant respecter. Entre devenir bigots ou néo-marxistes, ils ont trouvé une troisieme voie, leur propre voie...
N'en deplaisent à certains, ces indigènes sont des humains et pas des poissons exotiques que l'on enferme dans des aquarium, et si ils savent tirer meilleur partie de notre modernité pour leur propre usage, je dis tant mieux, cela prouve la santé d'une ethnie, qui vit, évolue, et apporte sa propre culture à notre monde toujours plus transparent, global et tellement local !

N.B: Pour faire bonnes mesures, je vous présente les animaux qui leur tiennent compagnie...

17 octobre 2005

Back in Quito





Voila après la matinée de voyage à traverser la moitié de l'Equateur, nous voila à courir les rues de Quito pour constituer un dossier pour le visa nécessaire à Pascual. Mais heureusement, grâce à la précieuse aide de l'ambassade de France et de ses services, il aura ce document dans deux jours au lieu d'un mois et demi...
Donc tout continue sur des roulettes, et vous pourrez rencontrer Pascual le quatre novembre prochain...
Cela dit ces ballades dans les rues de Quito ont revélées un flagrant contraste entre les quartiers sud ou s'entassent et errent des pauvres indigènes et enfants dans une grande misère sans domicile, et les quartiers nord des ambassades et des banques.... Contraste digne de Bogota...
Demain, journée de repos avant le grand vol vers Paris...
j'espère que cette aventure narrée quotidiennement vous a interessée, les prochains jours seront dédiés au montage des vidéos tournées et du documentaire fait pour les ateliers radiophoniques de Radio France...
Et puis des nouveaux posts avec des sujets plus pointus sur la vie quotidienne des shiwiars avec d'autres clichés photographiques...

Retour Puyo / Quito







Cette fois la grande aventure a bien pris fin, les bruits nocturnes des maisonnées de Tanguntsa me manquent déjà... le chant des mères a leurs enfants, les sourires des enfants et leurs jeux, le rire chantant des femmes qui fusent d'un coté à l'autre du village, la fierté des hommes, la douce harmonie de tanguntsa qui cache aussi une tristesse...

Car derrière cet aspect, on ne peut s'empêcher de se questionner sur la volonté d'établir ce contact avec notre monde et la stratégie présente derrière l'établissement de ce contact. Et la notre monde a une lourde responsabilité:
- le problème n'est pas l'acculturation qui est au contraire le nutriment nécessaire à toutes cultures, que ce soit entre tribus ou en rapport avec le monde (ce ne sont pas les shiwiars qui ont inventé le curare, mais l'utilisent et l'acquierent par des schémas commerciaux spécifiques et cela détermine une de leur technique de chasse)
- Mais ce qui est dit sur leur site http://www.ikiam.info "Aidez nous à conserver notre dignité", je ne peux m'empêcher de sentir une forme de dépit derrière ces tristes termes....
- Pour finir ce qui donne espoir est justement qu'il est dit également sur leur site ceci:
"...Mais nous sommes à un carrefour de notre évolution, car nous savons que nous devons nous adapter pour pouvoir résister aux pressions du monde extérieur. En tant qu'êtres humains nous pensons également avoir le droit à l'éducation et à la santé, et nous nous battons pour défendre nos droits. Nous espérons que l'Expedition Ikiam nous permettra de réaliser les changements que nous désirons accomplir, nous permettant de nous intégrer dans le monde moderne tout en conservant nos traditions et notre mode de vie."

Et la politique adoptée dans ce sens par la communauté Tanguntsa me donne espoir, elle bénéficie chaque jour d'une reconnaissance plus importante pour ce qu'elle est, de la part de l'etat équatorien, ce qui n'est pas rien car leur permet d'être propriétaires de leur terres et de garantir leur autonomie; mais afin de nourrir un dialogue permanent avec cet état, la politique d'éducation à la fois de la langue espagnole et la langue écrite shiwiar apparue il y a trois années, et de la culture shiwiars pourraient garantir la perpétuation de leur mode de vie auprès de leurs jeunes générations....

Pendant que ces pensées traversent mon esprit, les paysages défilent sur mon côté et je réalise à quel point je me suis profondément enfoncé dans ce pays, si bien qu'entre hier et aujourd'hui, j'aurais traversé la moitié du territoire équatorien de la frontière péruvienne à sa capitale, révélant ainsi la diversité incroyable de ses paysages et villes et de ses cultures....


N.b: n'hésitez pas a revoir tous les posts de la semaine passée, le blog a été enrichi des photos!!!

16 octobre 2005

Repos à Puyo






Après ce vol terrible, je suis retourné dans le lodge Pigual, peu coûteux, magnifique, confortable pour une nuit de repos confortable en pleine jungle bien meritée avant la route éprouvante vers Quito.
Vous trouverez ci-après quelques clichés de cet autre eden...

Le Vol Chona - Puyo







J'ai survécu le pilote aussi !

En effet, quand l'avion est arrivé sur la piste, un terrible orage s'annoncait, le pilote est sorti tremblant en disant que pendant tout le vol il devençait cet orage et avait peur d´être pris dedans, car si c'était le cas, c'était sa mort assurée!
L'orage arriva deux minutes plus tard avec des vents terrifiants qui ont couché deux arbres, des pluies diluviennes ont recouvert le sol de 10 cm d'eau et en moins de 5 minutes, notre piste est devenue un marécage impraticable...
Il essayait de joindre par radio la tour de contrôle, mais la radio ne passait pas à cause de l'orage, du coup il a utilisé mon télephone satellite....
Et on nous a dit d'attendre deux heures avant de re-décoller....
On était sous l'aile de l'avion en train de s'abriter, et là je remarque des débris d'avion sur le côté de la piste (la même dérive que la notre), et là il m'explique qu'il a perdu son meilleur ami sur cette piste dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui il y a deux ans... je suis devenu livide, j'ai photographié les débris sans savoir pourquoi...

Puis après il a fallu drainer la piste, pour enlever l'eau, et nous voilà sous la pluie avec des bâtons pour creuser des sillons transversaux à la piste longues de 150 mètres pour évacuer les 10 cm d'eau qu'il y avait dans les sillons laissés par les roues de l'avion au centre de la piste... On devait faire cela sous peine de ne pas pouvoir décoller faute de vitesse suffisante, car l'eau ralentit l'avion...

Je remarquais sur les côtés de la piste des bandes d´herbes qui avaient le mérite d'être moins inondées,je suggérais donc au pilote de décoller avec une roue sur l´herbe et l'autre sur la boue, il trouva que c'était une bonne idée, mais ne fît part du risque de se retrouver dans les arbres immédiatement, en cas de coup de vent...

Finalement on a adopté cette solution, et je me suis retrouvé à la place du copilote pour communiquer avec la tour de contrôle avec mon téléphone...
On a décollé à l'arrache, pour faire un vol de 1h20 terrible en plein orage, j'avais l'impression d'être en haute mer en pleine houle de tempête, cela tanguait de la même facon, et j'avais le mal de mer !

La forêt vue du ciel nous donnait les explications de ces phénomènes météos en amazonie imprévisibles !
Il fait chaud pendant deux jours, l'humidité s'évapore comme des cheveux d'anges de la forêt, forment de gros cumulus de convection chaud qui au contact de l'air froid en altitude finissent en gros orage, sitôt l'eau retombée, le phénomène se boucle et toutes les 5 minutes, un nouvel orage gronde....
Un phénomène dément et vicieux pour les pilotes de petits avions qui ne prennent pas assez d'altitude pour voler au dessus de ces terribles orages de convection...

On est arrivé à puyo en vrac, une fois à terre, ce brillant 'capitano' a tenu à m'inviter à déjeuner pour me remercier de ma petite aide...

J'ai eu la peur de ma vie, et on est vraiment que peu de choses faces aux phénomènes naturels...

15 octobre 2005

La fiesta






Cette fiesta faite en mon honneur, le dernier jour avant mon départ fut très intéressante:
- Tout d'abord l'arrivée des quichuas de chona:
Gonzalo le chef des shiwiars s'est assis sur son tabouret au pied de son pilier où sont accrochés sa carabine, sa sarbacane, son pot à curare, son carquois ect...
Il était là assis impérieusement, le sceptre debout tenu de la main gauche (une courte lance de 1m 20), le regard fixe, dur, il toisait le chef quichuas assis sur le banc de la partie 'homme' de la demeure. Ce face à face assez inquiétant a duré une bonne heure avant qu'une seule parole ne soit dite...
Pendant ce temps les femmes à tour de rôle font boire de la chicha à Gonzalo et le chef quichuas, Pascual derrière le mirco de la sono hurlait en espagnol "compagnon, amis, cette fiesta est dédiée à nos amis quichuas de chona, et à Valéry qui part demain à Puyo, puis Quito, puis l'Europe et Paris...."
Les épouses des quichuas étaient assises sur les bancs du côté femme, ne disaient mots et étaient parfaitement immobiles.
- Puis la fiesta démarra:
Se fit entendre une salsa endiablée qui commencait toujours par les mots "Amigos, compañeros quichuas, dansons sur la salsa de amazonas....", etla musique si bizarre était elle, mélangeait instruments indigènes et rythme salsa...
Finalement la chicha fît son effet, l'ambiance s'est détendue: les femmes tiraient les hommes par la manche de leur chemise ou tee shirt, et, les amenaient au centre de la demeure pour une danse folle.... Elles sautillaient telles des grenouilles sur une poêle à frire, tournaient sur elle même vers la droite puis vers la gauche tout en tournant autour de leur partenaire... Les hommes font les mêmes mouvements autour des femmes....
Le plus surprenant fut que parfois ce sont les maris qui m'invitaient à danser avec leurs femmes (certains ont deux épouses voir trois), qui riaient autour de moi, s'emparaient des parures dont j'étais orné et jouaient à me tirer par le cou au travers de la demeure en criant "Il est un shiwiar, regardez le ! il est comme nos hommes avec ses parures et il a tué un toucan à la sarbacane, il est un shiwiar !" et tout le monde riait et moi de repondre "Makite, Makite" (merci, merci)....
Puis, plus tard dans la nuit, il y avait du marivaudage dans l'air: On entendait des rires féminins, des gloussements et des râles dans les bosquets alentours, sur la rive du Rio Grande, et on voyait revenir un couple tout goguenard... et ainsi durant la soirée, plusieurs couples s'éclipsaient... (je vous rassure, il n'y a pa eu d'adultère ce soir là)....
Tout le monde a fini par être totalement ivre de chicha, et la fiesta s'est terminée tard dans la nuit....
Les quichuas ont dormi à Tanguntsa, pour retourner à chona pour acceuillir mon avion...

dernière journée 15.10





Je vous écris de Puyo ce jour le 16 Octobre, où je suis de retour de tanguntsa:
Je date ce post d´hier car je vais narrer la dernière journée, celle du 15.10:

Le matin, j'étais seul dans ma case plongé dans de grandes méditations du genre "la relation entre l'Homme et la nature", je me remémorais Rousseau et sa perception de l'Homme sauvage et la mienne au regard des shiwiars (loin d'être des sauvages à mes yeux): Je parlais dans les jours précédents de jardin d'Eden, cela est vrai au premier abord quand on ressent l'harmonie reignant dans cette communauté tant entre les personnes (aucune agressivité et aucun conflit en une semaine) et tant entre ces hommes et la nature...
Mais cela n'exclut nullement la rudesse de leur vie (Victor un des hommes est en pleine crise de palludisme), Gonzalo le chef se désole de l'absence de médicaments, leur pharmacie a besoin d'être renouvelée... et moi de m'en vouloir d'avoir constitué une pharmacie à mon seul usage, j'ai bien mes tablettes de malarones, et je n'ai pas pensé à acheter des traitements anti palludisme !
Et en plus quand je vois ces hommes entièrement dépendant de la forêt et de la rivière, et que la nourriture se livre à l'état vivante, et que pour ma part quand je la consomme je tombe malade comme un chien, dire qu'un homme de mon espèce ne peut plus se nourrir naturellement sous peine de graves maladies faute d'immunité, il n'y a plus aucun doute qu'au regard de cette situation, où nous sommes plus dépendant de nos technologies et substances artificielles et de la nature industrialisée (l'agriculture intensive), que nous avons d'ores et déjà muté... la nourriture que nous consomons rendrait malade un de ces indigènes... Et dire qu'à Paris quand j'achète de la nourriture amazonienne, elle se présente en ampoules ou en gélules !!!

Puis après cette profonde méditations, je fus tiré de ma somnolence par Gonzalo:
En effet toute la communauté s'est mis à préparer une fiesta à tout casser: Même les quicuas de Shonas allaient venir se joindre à nous.Tous se sont activés et ont ramené à ma plus grande surprise, une énorme sono Peavey, un téléviseur Sony, un lecteur DVD Sony, un appareil photo numérique sony et un carton plein de DVD: Rambos, Terminator, Commando bref....
Le tout avec des autocollants USAID collés sur chacun de ces objets.
Tout cela fut un très généreux don d'une organisation dont je n'ai jamais entendu parler: United State of America International Development !

Et puis tous les hommes sont apparus parés de leurs parures faites de graines rouges et noires, le visage maquillé de rouge et de noir (anacondas, boas, jaguar ect...)
Gonzalo trônait sur son tabouret, près de son pilier où sont accrochés son fusil, sa sarbacane, ses pots à curare, avec son sceptre fait d'une courte lance en bois noire.
Pascual derrière le micro de la sono de 1500 watts déclamait des remerciements à mon endroit, ce qui m'a énormément ému et puis chaque homme est venu me parer de ces bijoux d'apparats faits de graines rouges et noires, et puis on m'offrît une douzaine de splendides céramiques: bol, coupe à "Chicha" (je ne sais comment écrire ce terme), coupelle...
Les femmes m'ont également remercié en me demandant de promouvoir leur art grâce â ces présents (ce sont elles qui ont réalisé ces céramiques!) qu'elles considèrent comme objet d'arts. Etant moi même "artiste des images", il était ma mission de faire cela:

Là j'ai compris que l'enjeux de leur projet IKIAM est loin d'être financier, mais culturel. En adoptant cet occidentalisme, les shiwiars ont compris que si ils arrivaient à définir un territoire culturel, ils seraient reconnus comme ethnie indépendante et comme partie du patrimoine culturel équatorien leur garantissant par là même, une indépendance relative et une reconnaissance politique par le biais de leur confédération: En promouvant au niveau international leur culture, ils se font reconnaître comme ethnie à part entière et se positionnent au regard d'autres communautés indigènes plus puissantes comme les quichuas qui sont devenus nationalistes et réclament leur indépendance sur leurs territoires....
Le gouvernement équatorien valorisant l'industrie touristique en communiquant sur sa diversité ethnique amzonienne, il y alors une convergence d'intérêts dont les shiwiars se servent pour se garantir une paix et une indépendance sur leurs terres ancestrales qui leur ont été rétrocédées par cet état...

La présence de ces objets offerts par USAID pourrait laisser présager du pire, mais je suis assez rassuré quand j'ai vu se dérouler cette fiesta dans le plus pur style "a-shuar" tel que narré dans "Les lances du crépuscule" de Philippe Descola...
La grande évolution est que désormais ces évènements sont largement sonorisés:
Le groupe électrogène offert fût utilisé pour la première fois ce soir là...
le vacarme a du faire fuir le gibier alentour pour trois jours...

N.B: je vous invite à relire les post précédent de cette semaines que je vais compléter et corriger, en effet des erreurs de transcriptions sont présentes:
Un exemple "aras appprivoisés" est devenu "rats appprivoisés"...
les post ont été faits oralement sur boite vocale avec un téléphone satellitaire dont la connexion n'est pas toujours fiable, à cela vous rajoutez la distorsion du répondeur et voilà le résulat, mais au moins cela vous a permis d'être informés des faits principaux.
Quand je serai à Quito le 17, vous aurez les images...

Mes adieux aux familles shiwiars et à la communauté