30 septembre 2005

l'amazonie et les territoires égotiques...



Depuis que j'ai débuté ce projet, dans le cadre de mes recherches et investigations, j'ai eu à faire à tous types de personnes dont je taierai les noms par courtoisie...

Tout d'abord des personnes ouvertes, bienveillantes qui vous écoutent, vous éveillent avec intelligence sur vos erreurs et maladresses potentielles, vous font prendre conscience de la complexité du domaine que vous abordez et vous apprennent la modestie en les abordant. Ces personnes peuvent être des universitaires brillants, des humanistes animant, et, s'occuppant d'ONG, ou d'associations humanitaires; ou encore, des indigènes, et des responsables de confédérations d'indigènes, qui vous manifestent une gentillesse et un dévouement hors du commun... Alors en vous nourrissant de ces rencontres vous dessinez les différents chemins de votre future expérience... Vous voyagez mentalement en vous nourrissant de leurs expériences... et vous découvrez un monde fascinant, stimulant, complexe ou aucune évidence n'existe, et un sentiment prédomine au regard de ce que vous abordez, l'humilité...

Et puis vous avez ceux qui font du vacarme, que vous voyez dans les premières lignes des moteurs de recherche quans vous tapez "jivaros" ou "amazonie", qui vous parlent de commerces équitables, ont des stands dans des salons de l'industrie du tourisme :
Cela va du fou furieux (gourou) qui harcèle votre entourage, appelle vos rdv avant que vous les rencontriez, vous envoie des émissaires pour vous convaincre que vous êtes inintelligent, inexpérimenté et que ce cher gourou sera votre passage obligé, car il est l'autorité suprême en ce qui concerne l'amazonie, pour moultes raisons (y avoir séjourné longtemps, y être allé plusieurs fois).
Evidemment cette aide n'est pas inintéressée et gratuite: il faut qu'il vous accompagne, vous devez lui payer son voyage, citer ses livres, et surtout souscrire à ses stages chamaniques en nos contrées tempérées contre rétribution, puis adhérer à son association, et subir une immersion en amazonie avec prise d'AYAHUASCA et tout cela en troupeau de 12 personnes toutes plus "azimutées" les unes que les autres en quête de vérités spirituelles qui seraient plus évidentes au coeur de la jungle.
Naturellement vous mettez les voiles, continuez vos investigations et puis le projet devient visible, concret, et là seconde salve:
En effet, le gourou vous contacte et vous explique que rien n'aurait été possible sans lui, que vous êtes un ingrat et que vous devriez le citer par courtoisie.... l'impliquer...
Et puis vous avez ceux, qui s'approche de vous afin de vous rallier à leur cause, et affichent dés la première phrase un catalogue de diplômes tous plus exotiques les uns que les autres, qu'ils auraient obtenu, et vous déclarent ipso facto forfait (vous n'avez pas le droit de réaliser un tel projet) tout simplement, comme la premières fois, on vous dit "tu n'y as pas vécu, tu ne connais rien, tu ne peux en parler"....
Bref dans les deux cas, vous faites face à des réseaux de certitudes, très différents dans les deux cas, mais vous avez en face de vous deux 'ayatollahs' dressés sur leurs territoires mentaux nommés "AYAHUASCA" ou "Amazonie", et rien ne saurait exister en dehors de ces territoires fantasmés, le tout armé d'une rhétorique à toutes épreuves censée vous plonger dans le plus grand doute afin de vous faire tomber dans leurs bras...
Forcément, animé de réseaux de questions qui en amènent d'autres, je les conforte dans leurs certitudes.
Ce que je trouve fascinant est que l'amazonie, ce terme là, le droit d'en parler, ou d'écrire à son sujet, nécessiterait de votre part un rite initiatique, vous devez être initié !

Il ne faut surtout pas être un touriste, encore moins s'animer de questions, et encore moins, parler de cette région avec des incertitudes ou des questions...
Et ce qui me fascine chez ces personnes est leur arrogance, ils s'attribuent une position de "pater" contre rémunération, et, vous revendront un voyage en groupe avec un tour operator conciliant...
Je n'ai jamais connu une destination qui suscite une telle attitude:
Si vous allez en Inde, au Népal, en Afrique, en Asie, jamais vous croiseriez des personnes qui agitent autant, en parlant de votre future destination, d'angoisses (le danger que peuvent représenter les indigènes que vous allez visiter (ne sont ils pas primitifs?)) et de fantasmes (voir de vrais indigènes non acculturés dans leur vrai mode de vie, faisant de jolies peintures sur écorces)...
Je me rappelle être allé en Indonésie, où vous pouvez rencontrer des papous, et à ce sujet, je n'ai jamais eu ce genre d'expériences préalables à leur rencontre.

Bref, réaliser un voyage en amazonie cristallise un réseaux de fantasmes et de territoires égotiques hallucinant, et je dois dire que l'une des premières surprise lors de la conception de ce projet fût celle là...
De tels individus sucitent en vous une vraie curiosité 'zoologique', à dix mètres de chez vous, au bas de votre porte, à votre téléphone.
Cela est tout simplement fascinant et pas moins intéressant au sujet de notre société...

Car la vraie nature de ce projet est simple:
Questionner l'art en dehors du champ de l'art, en dehors du gap (exposé précédemment) existant entre culture et monde...
Questionner l'art dans une humanité qui n'entretient aucune distance avec la nature...

Ethnogénèse

La tribue shiwiars est issue de la tribue Shuar, une des tribus Jivaros...
Quelle est l'origine de cette tribue ?

Gonzalo le chef de la communauté de Tanguntsa, décidait sous la pression des missionnaires évangélistes de leur donner deux de ses fils afin qu'ils soient éduqués par ces derniers dans des universités américaines...
En même temps, ce Grand Chef confiait une mission de 20 années à ses fils:
- Acquérir la culture et le socle culturel de leurs oppresseurs, colonisateurs et cela de mieux connaître son ennemi et ses failles...
- 20 années plus tard, les deux frères, dont mon interlocuteur Pascual, claquaient la porte du séminaire, pour la plus grande peine de leurs tuteurs pour retourner dans leur tribu au plus profond de l'Amazonie à la frontière de l'Equateur et du Pérou...
Ainsi, fort de leurs éducation occidentales, et de leurs racines shuars, ils comprenaient que la seule façon de survivre et de communiquer. En effet ils avaient compris, que si tout le monde ignore l'existence de leur communauté, la communauté internationale ne pouvait les percevoir comme victimes de compagnies pétrolières. Ils ont également compris, que pour être victime, il faut une identité, et comment se démarquer des autres tribus shuars ? en en fondant une nouvelle sur un nouveau territoire: Les Shiwiars...
Si les shiwiars partagent exactement la même langue et culture que leurs congénèrent shuars et ashuars, ils vont être les premiers à inventorier leur culture dans la moindre des pratiques quotidiennes, en publiant via des ONG des ouvrages, en créant un parti politique leur permettant ainsi d'avoir dans la CODENPE : voix des amazoniens dans le gouvernement équatorien !
Ainsi allaient t'ils obtenir la propriété foncière des territoires qu'ils occupent et dissoudre la frontière péruvienne pour établir de part et d'autres cette frontière leur 'nation shiwiar'...
Dès lors, ils n'hésitèrent pas à se médiatiser via internet, de faire référencer leur culture à l'UNESCO etc...
Ainsi toutes exactions de pétroliers à leur endroit devenait visible médiatiquement et nuisibles à leurs opresseurs...

Cette histoire est fabuleuse, et montre la finesse et l'esprit politique de peuples dis 'premiers' voir 'primitifs'...
Ayant pris une conscience fine des enjeux politiques à l'extérieur de leur forêt, ils n'hésiteront pas à instrumentaliser les outils de notre modernité pour se faire entendre.

Ainsi cet exemple d'ethnogénèse est la conséquence directe à leur endroit de la globalisation.
Ainsi des amazoniens ayant fréquenté les meilleures universités retournent dans leurs terres pour sauver leurs peuples et assumer leurs héritages en fuyant les sirènes de nos sociétés...

29 septembre 2005

Le regard


Pirogues sur le Waouri, Douala, Cameroune

Je ne suis pas ethnologue, je ne suis pas anthropologe, je ne suis pas philosophe, je ne suis pas un auteur littéraire mais juste un artiste plasticien. Je n'ai aucune réponse, que des questions, des questions qui éloignent mon horizon et apportent de nouvelles questions qui en apporte encore et encore de nouvelles... A chaque question, une porte, un passage et l'horizon recule. Je ne cherche pas mais je trouve, des évidences poétiques, plastiques qui n'ont besoin d'aucun discour et encore moins de certitudes. Chacune de ces évidences apporte un goût de finitude, la vision de sa propre fin, et cette vision là aiguise le regard chaque jour.
Ce regard questionne le monde autour de moi, ces questions représentent "une distance", "une césure" entre le monde et moi, qu'irrésistiblement je comble par des trouvailles, ces évidences plastiques...
La modernité, la post modernité, et la globalisation tend à abolir cette distance, alors je comprend mes choix pour ce projet:
Je ne fais pas exposition à New York, je ne parle pas de Tokyo encore moins de Mongok à Hong Kong comme je peux le faire à la Triennale d'Hasselt en Belgique:
Que je sois à New York, Tokyo ou Hong Kong je reste artiste, je suis derrière mon masque social, et, je l'avoue, parfois, j'adopte une posture (celle que l'on attend de moi). On échappe pas à son image qui nous identifie, on est cette image au même titre que l'on vit son identité.
Mais que serais je à Tanguntsa ? je ne serais certainement pas perçu comme artiste et je n'aurai aucun masque social et aucune posture ne sera possible...
Je serai un homme face à d'autres hommes, et je ne cesserai d'être fasciné par l'universalité de l'humain au délà des croyances et des certitudes...
J'évoquais un souvenir d'Afrique, il y a quelques semaines: "la régression feotale que l'on ressent au coeur d'une jungle", et ce que je décrivais comme une "régression" n'en est pas une, je me dis que quand je serai entre deux lieux, entre deux rives sur une pirogue, je ne pourrai m'empêcher de regarder cet écran bleu au dessus de ma tête, et sur les deux rives cet écran vert hébergeant une multitude d'êtres fantastiques, de non humain, mais là dans cette nature pleine, je ne serais guère différent de ces autres, pas moins animal qu'humain, juste un être conscient de sa précarité...
Et là aucune transcendance, aucun mysticisme, juste la synchronisation de l'esprit, du corps, au sens physique, pleinement physique...

28 septembre 2005

"Par-delà nature et culture"

Dans les posts précédents, j'ai souvent cité Philippe Descola, j'ai le plaisir de vous annoncer la publication par Gallimard collection sciences humaines, de son dernier ouvrage "Par-delà nature et culture" le 15 septembre dernier.
Je vous cite la note de l'éditeur:

"Seul l'Occident moderne s'est attaché à classer les êtres selon qu'ils relèvent clos lois de la matière ou des aléas des conventions. L'anthropologie n'a pas encore pris la mesure de ce constat : dans la définition même de son objet - la diversité culturelle sur fond d'universalité naturelle -. elle perpétue une opposition dont les peuples qu'elle étudie ont fait l'économie. Peut-on penser le monde sans distinguer la culture de la nature ? Philippe Descola propose ici une approche nouvelle des manières de répartir continuités et discontinuités entre l'homme et son environnement. Son enquête met en évidence quatre façons d'identifier les " existants " et de les regrouper à partir de traits communs qui se répondent d'un continent à l'autre : le totémisme, qui souligne la continuité matérielle et morale entre humains et non-humains ; l'analogisme, qui postule entre les éléments du monde un réseau de discontinuités structuré par des relations de correspondances ; l'animisme, qui prête aux non-humains l'intériorité des humains, mais les en différencie par le corps ; le naturalisme qui nous rattache au contraire aux non-humains par les continuités matérielles et nous en sépare par l'aptitude culturelle. La cosmologie moderne est devenue une formule parmi d'autres. Car chaque mode d'identification autorise des configurations singulières qui redistribuent les existants dans des collectifs aux frontières bien différentes de celles que les sciences humaines nous ont rendues familières. C'est à une recomposition radicale de ces sciences et à un réaménagement de leur domaine que ce livre invite, afin d'y inclure bien plus que l'homme, tous ces " corps associés " trop longtemps relégués dans une fonction d'entourage."

Vous pouvez commander cet ouvrage en cliquant sur le lien approprié dans les ressources bibliographiques sur la droite.

J'en profite pour également vous annoncer que vous pourrez rencontrer cet auteur au Palais de Tokyo dans le cadre de la rencontre organisée autour de ce projet "shiwiars project", ainsi que Jean Claude Monod, Jean Patrick Razon et Pascal Languillon le 3 novembre prochain à 18h30.
Je vous dévoilerai quelques jours avant cette date, le programme de cette rencontre.

27 septembre 2005

Toujours des préparatifs

Cette fois faute d'avoir pensé à m'occuper de ma petite personne j'ai chauffé à blanc ma carte bleue et creusé mon découvert ;-)
En effet, j'avais oublié de m'occupper de ma couche et de mon logis si je peux me permettre:
- Une tente moustiquaires imprégnée de répulsif insectes
- Un sac de couchage "tropique extrême" lafuma
- Un matelas gonfable
- un filtre à eau
- des cachés de micropure
- Des allumettes anti-eau
- 1 torche électrique
- Des accu A6 pour la torche
- 2 paktol ultralite en guise de serviettes de bain
- Des savons bio-dégradables
- 2 bouteilles d'insect écran pour tremper et imprégner les vêtements de répulsifs moustiques (durée d'efficacité 6 mois)
- 2 bombes d'inect écran pour la peau
- 1 réchaud campingaz twister 270
- Stock de nissim noodles (nourriture déshydratée)
Pas tout n'est présent sur la photo, il reste à acquérir:
- 1 stock de slips
- 1 stock de chaussettes en coton
- 1 stock de tee shirts
- 1 tente igloo pour le matériel
- 1 tente pour moi même (je vais devoir certaines nuit bivouaquer)
- 1 paire de bottes cahoutchoux

je ne parle pas de mon shopping pharmaceutique: (tout le nécessaire de secour en cas d'attaque de jaguar ou crocodile)
- 1 boite de compresses stériles Cooper
- 1 boite d'urgostrip
- 1 boite de bandes extensibles Nylex (10 cm x 4 cm)
- 1 boite de bandes extensibles Nylex (7cm x 4 cm)
- 1 boite d'urgo multi extensible
- 1 bouteille de bétadine
- 1 boite de tiorfan
- 2 boites de Paracétamol Merck
- 2 boites d'Amoxicilline Merck
- 1 boite de Biocidan
- 2 boites de malarone
- 1 boite de Norfloxacine
- 2 seringues stériles (1 petite, 1 moyenne): En effet en ces contrées, il vaut mieux avoir ses propres seringues en cas dhospitalisation, car l'usage de seringues de seconde main est courant dans les pays pauvres...

N'est ce pas tout simplement effrayant ?

26 septembre 2005

Les préparatifs



Un tel voyage ne s'organise pas à la légère, au delà des soucis matériels, restent les vaccins à faire et la pharmacie à embarquer et là j'ai eu ma grosse surprise:
En effet de passage à l'institut pasteur, je fais un check up, pour savoir si je suis à jour au niveau de mes vaccins, j'explique au médecin ma destination qui me regarde très supris et me dit: "Qu'est ce que vous allez bien foutre là bas?", et moi je lançais une réponse qui augmentait sa suprise "de l'art !". Bref, il me toise et je devine qu'il me prend pour un 'déjanté' total, un allumé et commence à rédiger en guise d'ordonnance un roman:
- Nécessaires pour des points de sutures (sait on jamais en cas d'attaque d'un jaguar)
- Désinfectant et antiseptiques (bétadine 1 littre)
- Un set complet de pansements de toutes tailles, et des bandages
- 1 répulsif moustique
- Plusieurs boites de malarone
- des comprimé de micropure
- Paracétamol
-> puis des noms indéchiffrables (l'écriture des médecins !) que je vous livrerai une fois mes boites livrées, bref des collyres, des crèmes, des antibiotiques et tutti quanti
- et pour couronner le tout 6 vaccins à effectuer en deux injections...

Je ne sais avec quoi l'on m'a piqué, mais mes deux épaules étaient endolories comme après une compétition de lutte, puis j'ai dormi ce week end pas loin de 20H00.
J'ai été totalement détruit !

Bref me voilà équipé et immunisé....

Et puis ce soir, dans mon lavabo, j'ai testé l'étanchéité de mes "aquapacs": des caissons anti-humidité et étanches pour habiller les appareils photos et les caméras vidéo. Il paraît que ces caissons sont étanches jusqu'à 5 mètres, je pense que cela suffira pour les protéger de l'humidité amazonienne...

25 septembre 2005

"sexualité"


"La charmeuse de serpents" Le douanier Rousseau

Une question peut être tabou ou pas, mais celle ci est troublante:
Y a t'il vraiment des différences entre les ethnies au regard de nos comportements et moeurs sexuels ?
Cela paraît une question idiote au regard de laquelle, les réponses sont connues et se catégorisent, pour nos sociétés, par continent et religion. Mais qu'en est il vraiment dans les sociétés dites 'prémodernes' ou 'anarchiques' ? comme celles des a-shuars dont le mode de vie a été étudié par Philippe Descola. D'ailleurs, cet anthropologue rapporte une histoire qui en dit long à ce sujet au travers d'une croyance qui explique l'origine des cosmétiques (roucou) utilisés par les hommes ("Les lances du cépuscule pages 113 - 117), je vous la cite dans les lignes qui suivent:

... Deux soeurs Ipiak (roucou) et Sua (Génipa) qu'une voracité sexuelle impossible à satisfaire conduisit à se métamorphoser en ces cosmétiques naturels dont les hommes s'ornent le visage:

"Les anciens disaient qu'il existait autrefois une jeune femme appelée Sua, que nous connaissions maintenant comme une plante pour se peindre; elle avait aussi une soeur appelée Ipiak. Elles étaient toutes deux célibataires et il leur arriva la même chose qu'à nous, lorsque nous n'avons pas d'épouse et que nous avons très envie d'une femme; avec les femmes sans mari, c'est exactement pareil. Elles désiraient beaucoup posséder un homme et elles se mirent en quête, ensemble. Elles avaient entendu parler de Nayap (un martinet à queue fourchue) comme d'un vrai mâle et elles décidèrent de se mettre à sa recherche pour l'épouser. Elles le rencontrèrent sur un chemin en forêt, alors qu'il était parti chasser des oiseaux à la sarbacane; il leur demanda: "Où allez vous ?" et elles répondirent: "Nous allons chez toi." Alors Nayap dit: "C'est bien ma mère est restée à la maison pour moudre du maïs, allez la rejoindre!" Il ajouta, "un peu plus loing le chemin bifurque; sur le chemin qui mène chez moi il y a une plume caudale du perroquet yusa et sur le chemin qui va chez mon frère Tsuna (sanie) il y a une plume caudale du coucou ikianchim; faites bien attention de ne pas vous tromper de chemin ! - C'est entendu", dirent elles, et elles se mirent en route. Mais Tsuna était derrière elles et avait tout entendu. Emoustillé par ces belles jeunes femmes, il décida de les épouser et rentra à toute allure pour intervertir les plumes caudales; les jeunes femmes prirent le mauvais chemin. Nayap, qui ne se doutait de rien, revint chez lui dans la soirée avec beaucoup de gibiers pour les doeux soeurs, il demanda à sa mère: "Les femmes ne sont pas encore arrivées?" et elle répondit:"Non je n'ai pas vu de femmes." Alors Nayap s'exclama:"Que s'est il donc passé! elles m'ont dit qu'elles venaient ici et je leur ai indiqué le chemin", il ajouta:"peut être sont elles allées plutôt chez mon frère Tsuna", il était très mécontent et décida d'oublier l'affaire. Pendant ce temps, les deux femmes étaient arrivées chez la mère de Tsuna; celle ci était en train de malaxer de l'argile pour faire des poteries. Surprises, elles lui demandèrent: "C'est bien toi la mère de Nayap? - Oui, oui, c'est bien moi", s'empressa t'elle de répondre. Les deux soeurs s'installèrent et attendirent le retour de Nayap. Lorsque la nuit fut tombée, il n'était toujours pas revenu; elles demandèrent à la vieille: "Et ton fils où est il ?" et elle répondit qu'il était parti chasser des oiseaux. Elles veillèrent assez tard, jusqu'à ce que la vieille leur dise d'aller se coucher sur le peak. Tsuna finit par arriver en pleine nuit; son aspect était tellement répugnant qu'il avait honte de se montrer à la lumière du jour. Il revenait bredouille de la chasse et rapportait seulement quelques crabes de rivière, mais cela ne se voyait pas à cause de l'obscurité. Il raconta ses prouesses de chasseur pendant que l'on mangeait les crabes et sa mère disait en grommelant:"Les oiseaux que tu as tués sont bien vieux et coriaces." Tsuna s'en fut alors se coucher entre les deux soeurs et toute la nuit se passa en carresses et en jeux érotiques; épuisées, Sua et Ipiak finirent par sombrer dans le sommeil peu avant l'aube. Lorsqu'elles s'éveillèrent, il faisait grand jour et leur partenaire avait disparu; elles s'aperçurent alors qu'elles étaient couvertes d'une sorte de sanie gluante et fétide. Les deux soeurs se demandèrent ce qui avait bien pu se passer et elles décidèrent de ne pas dormir de toute la nuit suivante. Lorsqu'elles furent à nouveau couchées avec Tsuna, elles réussirent tant à le fatiguer avec leurs carresses qu'il s'endormit bientôt; lorsque l'aube parut, elles découvrirent son corps répugnant couvert de sanie. Elles s'éloignèrent vivement et se dissimulèrent. Lorsque Tsuna s'éveilla, sa mère lui dit:"Mon fils tu commences à perdre ta vergogne!" Tout saisi, Tsuna se leva d'un bond, empoigna sa sarbacane et partit en courant vers la forêt. Ayant oublié son carquois, il n'osa pas revenir et appela sa mère pour qu'elle le lui rappoprte; puis il disparut. Les deux soeurs décidèrent d'aller chez Nayap; mais celui ci était courroucé car il se rendait compte à leur odeur nauséabonde que les jeunes femmes avaient couché avec Tsuna. Nayap leur ordonna d'aller se baigner pour laver les sanies dont elles étaient couvertes. Après le bain, elles se frottèrent de feuilles odorantes et revinrent à la maison; mais elles dégageaient encore des exhalaisons infectes et Nayap repoussa leurs avances. Sua et Ipiak se mirent alors en quête d'un autre homme. Elles arrivèrent chez une vieille dont le fils était monstrueux; il était d'un taille minuscule mais son pénis était gigantesque qu'il portait enroulé autour de son corps comme une corde. Sa mère le tenait enfermé dans un grand vase muits posé sur une claie au dessus du lit. Ignorant cela, les deux soeurs demandèrent où il était et la vieille répondait: "Mon fils est parti tuer des ennemis, il n'est pas encore entré - C'est bien, dirent elles, nous allons rester ici pour le prendre pour époux." Tous les jours elles demandaient des nouvelles du fils, et la mère répondait: "Je ne sais pas quand il va revenir." Or, chaque nuit, l'homoncule sortait son immense pénis du muits, le déroulait jusqu'au lit en contrebas et copulait avec les deux soeurs endormies. Au matin, celles ci s'apercevaient qu'elles avaient été pénétrées, mais elles ne comprenaient pas comment. La vieille étant partie au jardin, les deux jeunes femmes se mirent à fouiller la maison et découvraient le muits avec le fils monstrueux. L'ayant trouvé, elles décidèrent de le tuer; elles firent bouillir de l'eau qu'elles versèrent dans le vase et le fils mourut ébouillanté. Sua et Ipiak reprirent leur quête en pleurant; elles ne savaient pas où aller car aucun homme ne voulait d'elles. Tout en cheminant, elles disaient: "En quoi pourrions-nous nous métamorphoser ? Peut-être en collines? Non, car, lorsque les hommes courent les collines, ils se moqueraient de nous et nous aurions honte. Ou bien nous pourrions devenir des grenouilles dans un grand marécage? Non cela, serait aussi honteux ! Pourquoi pas nous transformer en une grande plaine alluviale ? Cela ne convient pas, car les hommes se gausseraient de nous en disant qu'une personne s'est transformée en plaine." A la fin, Sua prit une décision: "Le mieux serait que je devienne Sua, car même les jeunes hommes pourraient dire à laurs épouses: - Donnes moi Sua pour que je puisse me peindre le visage ! et mon nom serait célébré." Puis Sua demanda à sa soeur: "Et toi petite soeur en quoi veux tu te transformer ?" Ipiak répondit: "Et bien alors, moi, je vais devenir Ipiak, car même les jeunes hommes diront à leur épouse: "- Donne moi Ipiak pour que je puisse me peindre le visage, et mon nom sera célébré." Sua se redressa de toute sa hauteur et écarta les jambes; elle poussa un grand cri et devint la plante sua (genipa). Ipiak s'accroupit sur le sol et devint la plante ipiak (roucou). C'est pour cela que le roucou est un buisson bas, alors que le génipa est d'un port élancé. Elles se confondaient si bien avec le taillis que les oiseaux mêmes les survolaient sans crainte. Toutes sortes de gens vinrent alors les visiter pour se faire peindre; Yakum ("singe hurleur") fut enduit de roucou par Ipiak, de même que Kunamp ("écureuil"); chuu (singe laineux") fut bien orné par sua qui lui mit du génipa sur la tête, sur les mains et sur les pieds. Et lorsqu'ils furent tous ainsi embellis, ils se métamorphosèrent. C'est tout."

Ce mythe, je le cite mot pour mot, que l'éditeur m'excuse, mais, est très révélateur des moeurs de cette ethnie, et est intéressant à plus d'un titre:
Les deux soeurs, belles, arrogantes étaient parties chasser "un mari", aveuglées par leur orgueil et audace, elles furent avilies, abusées, et humiliées et au final repoussées par un bel homme à la queue fourchue et par tous ceux dont elles convoitaient la virillité. En décidant d'elles mêmes de leurs épousailles, elles s'exposaient à la honte du désir trop manifeste, alors il leur restait la seule revanche possible, transfigurer leurs souillures pour embellir tous ces amants dédaigneux...
Ce mythe nous apprend que la décision des épousailles n'appartient pas totalement aux futures épouses, mais à leurs soupirants. De plus la polygamie existe dans cette ethnie (elle tend à disparaître de nos jours sous l'influence des sallésiens), et souvent à l'issu d'une vendetta, un guerrier peut hériter de l'épouse de sa victime. Si les épouses n'ont pas forcément le choix en ce qui concerne le choix de leurs époux, un mauvais époux (violent) s'expose à la perte de son épouse, en effet celle ci peut très bien prendre la fuite et se réfugier chez son frère et être à l'origine d'une vendetta à l'encontre de son mauvais époux...
Si une femme peut passer d'époux en époux au gré des vendettas, ces derniers doivent également assumer pleinement leurs responsabilités dignes de tout grand homme (subvenir aux besoins de leurs épouses, les protéger, les respecter).
Ainsi la structure des familles peuvent s'avérer complexes car souvent recomposées au gré des vendettas successives...

En ce qui concerne l'hommosexualité, d'après les lectures que j'ai pu faire, elle n'est pas catégorisée et différenciée comme elle peut l'être dans nos sociétés. Car chez nous, l'homosexualité porte toute la culpabilité du péché inculquée par nos origines judéo - chrétiennes. Si cette dernière semble beaucoup plus facilement admise de nos jours, elle ne reste pas moins une catgéorie de moeurs sexuelles faisant l'objet d'une différenciation avec l'hétérosexualité. Si l'homosexualité était parfaitement admise dans notre société, elle ne serait même pas nommée et différenciée de l'hétérosexualité...
Chez les a-shuars, elle semble admise, et, si des jeux sodommites peuvent apparaître entre des jeunes hommes, si ils deviennent connus de tous, ils ne font pas l'objet d'une réprobation collective mais de rires. Elle semble faire partie de l'aprentissage sexuel normal des jeunes gens.
Par ailleurs, un homme qui aurait le malheur d'effectuer les tâches féminines, s'occuper du jardin ect... fera l'objet d'un rejet collectif: L'homme peut avoir des relations homo, mais ne peut devenir socialement "femme"...

Visuel: "La charmeuse de serpents", Le douanier rousseau

24 septembre 2005

"Roots"


Un bus en Equateur en 1993

14hOO de vol au total entre Paris et Quito, normal puisque j'aurai une escale à Madrid. Puis 5h00 de route entre Quito et Shell (Puyo), 5H00 de routes sinueuses à fleur de falaises: En effet Quito est à 2800 mètres d'altitude, bien que cette ville soit sur la ligne d'Equateur, elle est entourée de sommets enneigés...
Puis Shell(Puyo) se trouve à 800 mètres d'altitudes environ sur les contreforts de la cordillères des andes et au bord du plateau de la Haute-Amazonie. Autant dire que les paysages seront fabuleux, les vertiges foudroyants, et quelques accès d'adrénaline seront garantis. Car là 5h00 de route, signifient que pendant 5h00 le chauffeur est debout sur ses pédales de freins...
Je ne parle pas de l'état de ces routes entravées par des éboulements, les trous, et les nids de poule, sans parler de la typologie des passagers embarqués, humains ou non humains (poules, chèvres parfois).
Mais ce qui est sure, c'est que je vais voir des paysages fabuleux, des panoramas incroyables et vivre des ambiances hors du commun. Heureusement, j'aurais un compagnon, mon guide qui est le chef de cette communauté, viendra me chercher à l'aéroport, on aura ainsi tout le temps de converser et de faire connaissance, et je le remercie pour son extrême gentillesse, car, le simple fait de venir m'attendre à l'aéroport de Quito est déjà une expédition en soi...
Et je dois dire, qu'il fait preuve d'un dévouement hors du commun !
Arrivés à Puyo, suivent ensuite 1h20 de vol en avionnette et enfin quelques heures en pirogue pour rejoindre Tanguntsa...

Bref à mon retour, je vous promets des vidéos et de très belles photos sur ce blog, pour l'instant je vous propose des clichés glânés via Google ;-)

23 septembre 2005

"Cosmétiques..."



Photo: Philippe Descola

Il y a un détail intéressant qui me questionne, c'est la fascination des industries cosmétiques face à la biodiversité, et qui sont une des premières causes de la remise en question de cette biodiversité en surexploitant des espèces végétales rares.
Si on dressait une liste des fruits et légumes, et substances diverses d'origines animales, censées rajeunir notre peau ou la maquiller:
Cela va de la peau d'orange, les pépins de raisin, la lavande, en passant par le sperme de taureau, la semence de saumon ou encore les produits placentaires d'origines humaines....
Comme quoi le ridicule ne tue point dans le marketing.
Cependant, il serait bon de s'intéresser sur l'origine de l'industrie du cosmétique, à savoir ce besoin typiquement humain de se maquiller et de se parer: Cela va du tatouage, en passant par le maquillage jusqu'à l'habit.
Dans nos sociétés l'usage du maquillage par l'homme n'est pas dénué de sens, et signifie une appartenance à un genre comportemental au niveau sexuel, car on est catégorisé ainsi selon nos moeurs. Jean Paul Gaultier fait bien une tentative courageuse, mais force est de constater que la consomation de ses produits de maquillage pour homme concerne plus une cible présente dans le marais, plutôt que celle présente à la Défense.
Je ne parlerai pas du tatouage tout aussi intéressant, et tout aussi codé:
Que ce soit chez les criminaux russes (je recommande à ce sujet le fabuleux ouvrage "Russian criminal tatoo encyclopaedia" de Danzig Baldaev et Alexei Plutser-Sarno, publié chez Steidl / Fuel) ou que ce soit chez les femmes Mbouaka du Congo belge photographiées par Zagourski ("L'Afrique disparue" Zagourski, Skira/Seuil).

Si l'on s'intéresse au maquillage des jivaros, des a-shuars et des shiwiars, on peut d'ores et déjà noter que cela est transgenre, et ne connote nullement l'appartenance à des moeurs sexuelles quelqu'elles soient. Les hommes se maquillent:
Ils se parent de très longs karis aux oreilles (sorte de tiges en bois décorées et enfoncées dans le lobe des oreilles), de couronnes TAWASAP faites de plumes d'aras rouges et jaunes et d'un maquillage au trait rouge fait avec du roucou évoquant la face d'un anaconda (Philippe Descola "Les lances du crépuscule" page 196), ou la gueule d'un jaguar (page 325). D'ailleurs le maquillage des femmes semble plus simple suivant les descriptions glânées par divers ethnologue... Ces motifs sont parfois combinés avec des motifs noirs tracés au génipa. Les Hommes peuvent s'en parer avant de partir en guerre (est ce une façon de s'accaparer les pouvoirs magiques de l'animal divin évoqué ?).
Bref même dans les sociétés pré-moderne ce besoin cosmétique est ressenti, et pratiquement pour les mêmes motivations que dans nos sociétés:
- Les commandos se maquillent avant une attaque, non plus pour s'accaparer le pouvoir magique d'un animal, mais pour disparaître dans son environnement de combat.
- Nos femmes ne se maquillent elles pas différemment quand elles veulent séduire, ou revendiquer une position sociale ?

Je me suis souvent demandé, si il existe un tel comportement chez les animaux... à ma connaissance non, mais je ne suis pas expert en la matière...
Mais toujours est il que ce comportement humain, si humain, est un des paramètres de l'universalité de notre condition humaine.
Mais le plus triste de l'histoire est de voir de grands industriels cosmétiques utiliser cet alibi en se drappant dans les oripeaux de la défense de la biodiversité, alors que sous la pression de leurs départements marketing (le pouvoir de l'exotisme), ils deviennent une des causes de la disparition de cette biodiversité:
Car quoiqu'on en dise, la biologie n'est pas comme l'ethnologie, il y a bien des exemples d'ethnogénèse quand des communautés et tribus disparaissent, mais aucune espèce biologique n'apparaît quand une disparaît...
La mort est irrévocable !
Et finalement, bien souvent on naît nu et l'on meurt maquillé...

22 septembre 2005

"Humanité de singe"




J'adore les singes, il n'y a pas plus humains qu'eux. Et puis je ne me suis jamais remis de la lecture de ce roman "Les grands singes" de Will Self, où un matin un peintre se réveille en chimpanzé et tout le monde de l'art bascule dans un monde singier où les humains sont vus en cage dans les zoo et où dans les vernissages chics, on se renifle la rondelle et on baise à tout va...
Bref je ne vais point vous narrer ce roman si ironique, caustique et bien senti...
Mais toujours est il qu'où que ce soit dans le monde, comme à Bali comme pour les clichés de ce post, je trouve que leurs jeux sociaux nous en apprend beaucoup sur nous mêmes...
je n'irais pas à dire, que ce sont eux qui ont inspiré chez moi mon béhaviorisme social (ma vraie inspiration dans ce domaine vient de John B.Watson) mais tout de même...
Serais je comme Will Self ? un de ces artistes rêveur de retrouver ses rites singiers ? non je vous rassure...
je ne suis pas si singe que cela mais juste impatient de rencontrer mes premiers singes hurleurs et c'est promis je vous ramènerai des images inédites...

Ah l'arrogance naturelle des animaux qui n'ont que faire de nos affreuses humanités...

*Photos prises à Bali (Monkey forest) en 1997 (Valéry Grancher)

21 septembre 2005

l'émotion et les bagages

Ce jour, j'ai commencé à préparer les paquets, naturellement, des bagages spéciaux du type "pelican" sont nécessaires:
étanches, anti-humidité, anti choc et tutti quanti...
Bref indispensables, pour transporter tout le materiel électronique, mais voilà le poids explose, avec 20 kg autorisé, je me sens mal, je compte sur la compréhension d'Iberia que je vais appeler demain... (je vais certainement arriver à 40 kg ooops)

Mais en regardant, les objectifs, GPS, caméras, appareils photos, chargeur solaire dans leur écrin de mousse, l'émotion du départ me submerge, l'aventure devient concrète, et en regardant ces caissons, je sens déjà mes bottes coller dans la boue, et me vois immergé dans la jungle et assourdi par les cris des singes huleurs....

bon je me calme, je n'y suis pas encore...

20 septembre 2005

John Perkins



Hier j'ai mis un post long citant l'expérience d'un tueur à gages économique: John Perkins. Ce récit est assez impressionant et pas moins intéressant, j'ai trouvé ces documents sur le web, je connais très bien le monde de l'édition pour y avoir travaillé une décennie, et ce qu'il raconte au sujet de ses tentatives de publications de son ouvrage me semble bien dans la réalité des comprtements de cette industrie là...
Du fait que l'édition ne soit pas son domaine, et ce qu'il raconte à ce sujet semble être vécu (car il faut le vivre pour en être informé), laisse à penser que le reste comporte une bonne part de faits crédibles...
Soucieux d'en savoir plus, j'ai essayé de contacter cette personne afin de faire une interview, je vous publie ci-après les réponses que j'ai reçues à la suite de ma requête:

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Correspondance
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From: valery grancher
Date: 2005/09/18 Sun AM 09:02:36 EDT
To: contactjohn@bellsouth.net
Subject: the shiwiars project

Dear John Perkins,

I am a contemporary french artist who's making a solo show at the
prestigious Contemporary Art center in Paris: Palais de tokyo
(http://www.palaisdetokyo.com).
For this show as an art project, I'm trying to establish a link
in between this museum and a shiwiar community in Tanguntsa closed to
Puyo (shell) in Pastaza.
The project started on september 1 and will finish on November 13:
A blog is published from september 1 until the end of this project...
http://www.theshiwiarsproject.org
This project will deal with an expedition in Tanguntsa where I will
produce a video art piece which will be shown in Palais de Tokyo from
October 25 to November 13.
Then a colloquium will be organised in Palais de Tokyo in between
november 1 to 8 with: (expected persons)
Philippe Descola (famous anthropolog who lived 3 years with a-
shuars), Jean Claude Monod (philosopher), Jean Patrick Rason from
http://www.wurvival-international.org, Pascal Languillon who helped
the shiwiar to create this project: http://www.ikiam.info and Pascual
the shiwiar head of ikiam project.

I am sending this mail because I was amazed by the text (prologue)
published on the web by you, I translated it in French and put it on the
blog:
http://www.theshiwiarsproject.org

I would be pleased to interview you for this project....

I thank you for your attention and I look forward to hearing from you
soon

best regards

Valery Grancher

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réponse
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from: contactjohn@bellsouth.net
Objet : Rép : the shiwiars project
Date : 19 septembre 2005 21:23:45 HAEC
À : v.grancher@free.fr

Hello Valery,

I have forwarded your email to John's publicist, she'll be able to assist you with the interview.
I clicked on the link to:

"I am sending this mai because I was amazed by the text (prologue)
published on the web by you, I translated in French and put it on the
blog:
http://www.theshiwiarsprojects.org"

But it does not work.

Regards,

Sabrina
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ma réponse:
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from: v.grancher@free.fr
Objet : Rép : the shiwiars project
Date : 18 septembre 2005 22:13:24 HAEC
À : contactjohn@bellsouth.net

Hello,


OOOPs there was a mistake on the link, hereafter the right one ;-)
http://www.theshiwiarsproject.org

sorry again

Valéry Grancher

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puis
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from: pegbooth@boothmedia.com
Objet : RE: [Fwd: the shiwiars project]
Date : 19 septembre 2005 21:30:58 HAEC
À : v.grancher@free.fr

Hi, Valery,

I am John Perkins' publicist and all these great requests are forwarded
directly to me to handle; I have over 100 requests now for John and he is
recuperating from surgery........can you do me a favor and recontact me by
email in about one month to see how his schedule looks in late October?
That would be the very soonest that John would be available to
interview...........Thanks so very much,
Peg
Peg Booth
Booth Media Group
pegbooth@boothmedia.com

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ma réponse
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from: v.grancher@free.fr
Objet : Rép : [Fwd: the shiwiars project]
Date : 18 septembre 2005 22:15:18 HAEC
À : pegbooth@boothmedia.com

Hi Peg,

Thank you so much for your kind mail and Of course I will contact you again on fall october.
I am so sorry to have sent a wrong link hereafter the right one:
http://www.theshiwiarsproject.org

I hope that Mr Perkins will recover very soon

all my best

Valery Grancher

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Bref, tout ça pour vous dire que suite à cette publication, cet individu semble être submergé de requêtes, et se trouve être en situation post chirurgical: En plus d'être très malade, il est très occuppé, et peut être aurais je la chance, si son calendrier le permet, de l'interviewer fin octobre....

Croyez moi, je ferai une nouvelle tentative fin octobre....

19 septembre 2005

"Confessions d'un tueur à gages économique..."




Je vous invite à lire le prologue de John Perkins de l'ouvrage "Confessions d'un tueur à gages économique" qui concerne la région que je vais visiter et recoupe certains faits constatés localement.
Par ailleurs à la suite du prologue, vous trouverez la préface du même auteur qui dépeint le cheminement de cet individu...

Tente de 600 – le 30 janvier - John Perkins, expert repenti qui a passé sa vie au service de la communauté bancaire internationale, dans un long monologue ponctué de vagues d’applaudissements des auditeurs attentifs et débordant de reconnaissance, explique comment il a travaillé à l’établissement de l’empire nord-américain au dépend des pays « pauvres », riches de ressources naturelles. Il présente son livre « Confessions of an economic hitman », dont j’ai retrouvé la préface et le prologue sur Internet (http://www.johnperkins.org , http://www.dreamchange.org )


Prologue:

Quito, la capitale de l’Equateur s’étend à travers une vallée volcanique haute perchée dans les Andes à une altitude de 9000 pieds. Les habitants de cette ville, qui fut fondé longtemps avant l’arrivé de Christophe Colomb en Amérique, sont habitués à voir la neige sur les sommets environnants, en dépit du fait qu’ils ne vivent qu’à quelque miles au sud de l’équateur.
La ville de Shell (Puyo), un avant poste frontalier et une base militaire, gagnée à coups de hache sur la jungle amazonienne équatorienne pour desservir la compagnie pétrolière dont elle porte le nom est à environ huit mille pieds plus bas Quito. C’est une ville étouffante essentiellement habitée par des soldats, des ouvriers de l’industrie pétrolière et des indigènes des tribus Shuar et Kichwa qui travaillent pour eux comme prostituées ou manœuvres.

Pour voyager d’une ville à l’autre, vous devez voyager sur une route à la fois tortueuse et à vous couper le souffle. Les gens du cru vous diront que ce voyage vous fait vivre les quatre saisons en un seul jour.

Bien qu’ayant souvent conduit sur cette route, je ne me fatigue jamais de ce paysage spectaculaire. Des falaises abruptes ponctuées de chutes d’eau en cascade et de broméliacées éclatantes s’élèvent d’un coté. De l’autre coté, le sol tombe de façon abrupte vers un abîme profond où la rivière Pastaza, une des sources de l’Amazone serpente en descendant les Andes. La Pastaza charrie l’eau des glaciers de Cotopaxi, un des plus hauts volcans en activité, et une divinité à l’époque des Incas, vers l’Océan Atlantique à plus de trois mille miles de distance.

En 2003, J’ai quitté Quito au volant d’une Subaru en direction de Shell investi d‘une mission différente de toutes celles que j’avais accepté jusqu’à là. J’espérais mettre fin à une guerre que j’avais aidé à déclencher. Comme c’est le cas pour nombre de missions menés par nous autres Tueurs à gages économiques, c’est une guerre virtuellement inconnue en dehors du pays où elle a lieu. J’étais en route pour rencontrer les tribus Shuar, Kichwa et leurs voisins les Achuars, Zaparos et Shiwiars qui étaient résolus à empècher nos compagnies pétrolières de détruire leurs maisons, leurs familles et leurs terres, même si cela devait signifier qu’ils puissent y laisser leur vie. Pour eux, ceci est une guerre pour la survie de leurs enfants et de leur culture, alors que pour nous c’est une question de pouvoir, d’argent et de ressources naturelles. C’est un des aspects de la lutte pour la domination du monde et du rêve de quelques hommes cupides : l’empire globale.

Construire un empire global, c’est ce que nous savons le mieux faire, nous autres TAGEs. Nous sommes un petit group d’élite d’hommes et de femmes qui utilisent les organisations financière internationales pour fomenter les conditions qui rendent les autres nations esclaves de ce que j’appelle la ‘corporatocracy’ qui gère nos plus grosses entreprises, notre gouvernement et nos banques. Comme nos homologues dans la Mafia, nous accordons des faveurs. Celles-ci se présentent sous la forme de prêts pour développer l’infrastructure de ces pays -usine électriques, autoroutes, ports, aéroports, ou parcs industriels. Une des conditions qui gouverne de tels prêts est que tous ces projets doivent être réalisés par des entreprises d’engineering et de construction américaines. En fait, le plus gros de l’argent ne quitte jamais les Etats-Unis, il est simplement transféré des bureaux de banques situées à Washington vers les bureaux d’entreprises d’engineering à New York, Houston ou San Francisco.

En dépit du fait que l’argent revient presque immédiatement aux grosses entreprises membres de la ‘corporacratie ‘(les créanciers), le pays bénéficiaire doit tout rendre, principal et intérêts. La mission du TGE est complètement réussie, lorsque le prêt est tellement important que le pays débiteur en est réduit à se mettre en cessation de paiements quelques années plus tard. Lorsque ceci se produit, comme la Mafia nous réclamons « notre livre de chair » qui souvent inclut un ou plusieurs des cas de figure suivants, le control de leur votes aux Nations Unies, l’installation de bases militaires, l’accès à des ressources précieuses comme le pétrole, ou le canal de Panama. Bien sur, le débiteur nous doit toujours cet argent et nous avons un autre pays à rajouter à notre empire global.

En conduisant de Quito à Shell par cette journée ensoleillée de 2003, j’ai repensé à ce jour 35 ans plus tôt où j’étais venu pour la première fois dans cette partie du monde. J’avais lu que bien que seulement de la même surface que le Névada, l’Equateur avait plus de 30 volcans en activité, plus de 15% des espèces d’oiseaux du monde, et des milliers de plantes jusqu’ici non encore répertoriées et que c’était une terre de cultures variées où autant de gens parlaient les anciens dialectes que l’espagnol. Je trouvais tout cela fascinant et bien sur exotique, toutefois les adjectifs qui me venait sans cesse à l’esprit étaient : pure, vierge, innocent.
Beaucoup de choses ont changé en 35 ans.

A l’époque de ma première visite en 1968, Texaco venait tout juste de découvrir du pétrole dans la région amazonienne de l’Equateur. Aujourd’hui le pétrole représente presque la moitié des exportations du pays. Un oléoduc transandéen construit peu de temps après ma première visite a depuis répandu la valeur de plus d’un demi-million de barriques dans la fragile forêt équatoriale__ plus de deux fois la quantité répandu par celui d’Exon Valdez. Aujourd’hui un nouvel oléoduc de 300 miles et coûtant 1,3milliards de dollars construit par un consortium mis sur pieds par des TGE promet de faire de l’Equateur un des dix premiers fournisseurs de pétrole des Etats-Unis. De larges zones de la forêt équatoriale ont été coupées, les aras et les jaguars sont pratiquement en voie d’extinction, trois cultures indigènes sont au bord de l’effondrement et les rivières pures ont été transformées en « saloperies » de cloaques.

Pendant cette même période, les cultures indigènes ont commencé à résister et se défendre. A la suite de quoi, le 7 mai 2003, un groupe d’avocats américains représentant plus de trente mille indigènes équatoriens ont intenté un procès en dommages et intérêts pour un milliard de dollars contre Chevron Texaco Corporation. Ils affirment qu’entre 1971 et 1992, le géant pétrolier a déversé journellement plus de sept millions et demi de litres d’eau pollué par des résidus toxiques de pétrole, métaux lourds, carcinogènes dans des trous ouverts et des rivières et a laissé derrière elle environ 350 puits ouverts de déchets qui continuent à tuer à la fois gens et animaux.

Par la fenêtre de ma voiture, je voyais de gros nuages de brume qui s’échappaient de la forêt et remontaient des canyons de la Pastaza. La sueur trempait ma chemise et mon estomac commençait à se soulever, mais pas seulement à cause de la chaleur tropicale intense et des tournants sinueux la route. Une fois de plus, la conscience du rôle que j’avais joué dans la destruction de ce beau pays m’ébranlait. A cause de moi et des autres TAGEs, l’Equateur est en bien plus mauvais état aujourd’hui qu’avant que nous ne l’initions aux miracles de l’économie moderne, de la banque et de l’ingénierie. Depuis 1970 -pendant la période euphémiquement baptisé boom pétrolier- l’indice officiel de la pauvreté est passé de 50 à 70 pour cent, alors que le sous-emploi ou chômage augmentait de 15 à 70 pour cent et la dette publique passait de $240 millions à $16 milliards. Pendant ce temps, la part de ressources nationales allouées aux segments les plus pauvres de la population tombait de 20 à 6 pour cent.

Malheureusement l’Equateur n’est pas l’exception. Presque tous les pays que nous les TAGEs avons amenés sous le parapluie de l’empire global ont subi le même sort.

La Subaru ralentit tandis qu’elle parcourait les rues de la belle station balnéaire de Banos, célèbres pour ses bains chauds crées par les rivières volcaniques souterraines qui descendent du très actif Mont Tungurahgua. Des enfants couraient le long de notre voiture en faisant de grands signes et en essayant de nous vendre des cookies et du chewing gum. Puis nous laissâmes Banos derrière nous. Le paysage spectaculaire s’arrêta abruptement. La Subaru accéléra quittant le paradis pour entrer dans une vision moderne de l’enfer de Dante.

Un monstre gigantesque s’élevait de la rivière, un mur géant et gris. Le béton ruisselant était totalement déplacé, tout à fait anormal et incompatible avec le paysage. Bien sur, je n’aurais pas du être surpris de le voir là. Je savais depuis le début qu’il nous attendrait là en embuscade. Je l’avais rencontré maintes fois avant et autrefois je l’avais même vanté comme un symbole de la réussite des TAGEs. Mais même ainsi il me donnait la chair de poule.

Ce mur affreux et incongru est un barrage qui bloque le flot rugissant de la rivière Pastaza, draine ses eaux à travers des tunnels énormes percées dans la montagne et convertit leur énergie en électricité. C’est le projet hydroélectrique Agoyan d’une puissance de 156 mégawats. Il alimente les industries qui enrichissent une poignée de riches familles équatoriennes, et a été une source de souffrances jamais divulgués, pour les fermiers et les indigènes qui vivent le long de la rivière. Cette usine hydroélectrique est juste un des nombreux projets développés grâce à mes efforts et ceux d’autres TAGEs. De tels projets sont la raison pour laquelle l’Equateur est aujourd’hui un membre de l’empire global, et également la raison pour laquelle les Shuar et les Kichwa ont déclaré la guerre à nos compagnies pétrolières.

A cause des projets TAGEs, l’Equateur est étouffé sous le poids de sa dette extérieure et doit consacrer une part démesurée de son budget national pour la rembourser, au lieu d’utiliser son capital à aider les millions de ses citoyens qui sont officiellement classés comme étant dangereusement appauvris. La seule façon pour l’Equateur de racheter ses obligations étrangères est de vendre ses forêts équatoriales aux compagnies pétrolières. En effet, une des raisons pour lesquels, les TAGEs ont choisi l’Equateur au départ, est que l’on croit que la mer de pétrole qui gît dans le sous-sol de sa forêt amazonienne pourrait rivaliser avec les champs de pétrole du Moyen Orient. L’empire global réclame sa livre de chair sous la forme de concessions pétrolières.

Ces exigences devinrent particulièrement pressantes après le 11 septembre 2001, lorsque Washington craignait que les approvisionnements du Moyen Orient puissent cesser. Par-dessus le marché, le Venezuela notre troisième fournisseur de pétrole avait élu un président populiste, Hugo Chavez, qui avait pris une position très ferme contre ce qu’il appelait l’impérialisme US ; Il menaçait d’interrompre ses ventes de pétrole aux Etats-Unis. Les TAGEs avaient échoués en Irak et au Venezuela. Mais nous avions réussi en Equateur et maintenant nous allions en tirer le maximum.

L’Equateur est typique de ces pays dans le monde que les TAGEs ont soumis à leur domination économique et politique. Pour chaque$100 de brut extrait de la forêt équatoriale équatorienne, les compagnies recevaient $75. Des $25 restants, les trois quarts devaient être consacrés à payer la dette extérieure. La plus grande partie de ce qui restait couvrait les dépenses militaires et autres dépenses du gouvernement -ce qui laissait $2.50 pour la santé, l’éducation et les programmes destinés à aider les pauvres. Ainsi, pour chaque 100 dollars de pétrole arraché à l’Amazonie,moins de $3 vont aux gens qui ont le plus besoin de cet argent, ceux dont les vies ont été chamboulés par les barrages, les forages, et les oléoducs, et qui meurent faute de nourriture comestible et d’eau potable.

Chacune de ces personnes -des millions en Equateur, des milliards autour de la planète- est un terroriste potentiel. Non parce qu’ils croient au communisme, aux doctrines anarchistes, ni parce qu’ils sont intrinsèquement mauvais, mais simplement parce qu’ils sont désespérés. En regardant ce barrage, je me demandais -comme je l’ai déjà fait si souvent fait dans tellement d’endroits dans le monde- quand ces gens passeraient à l’action, comme les américains contre les anglais dans les années 1770 ou les latino-américains contre l’Espagne au début des années 1800.

La subtilité de cette construction d’empire moderne peut en remontrer aux centurions romains, aux conquistadors espagnols, aux puissances coloniales européennes du dix huitième et dix neuvième siècle. Nous les TAGEs sommes rusés, nous avons assimilés les leçons de l’histoire. Aujourd’hui nous ne portons pas de sabres. Nous ne portons pas d’armure ni de vêtements qui nous différencient des autres. Dans des pays comme L’Equateur, le Nigeria et l’Indonésie nous sommes habillés en instituteurs, en commerçants. A Washington et à Paris, nous ressemblons à des fonctionnaires et des banquiers. Nous apparaissons humbles, normaux. Nous visitons les sites de projets et flânons dans les rues des villages appauvris. Nous faisons profession d’altruisme, parlons avec les journaux locaux des merveilleuses actions humanitaires que nous accomplissons. Nous couvrons les tables de conférences des comités gouvernementaux de nos feuilles de calcul et de nos projections financières et faisons des conférences à l’Ecole de Commerce de l’université de Harvard sur les miracles de la macroéconomie. Nous sommes officiels et visibles. Ou c’est comme cela que nous nous décrivons et c’est comme cela que nous sommes acceptés. C’est ainsi que le système marche. Il est rare que nous ayons recours à l’illégalité parce que le système lui-même est bâti sur le subterfuge et le système est par définition légitime.

Toutefois -et ceci est un avertissement majeur- si nous échouons, une espèce encore plus sinistre prend le relais, des individus que nous les TAGEs appelons des chacals, des hommes qui sont les héritiers en droite ligne de ces empires passés. Les chacals sont toujours là en embuscade dans l’ombre. Quand ils en émergent, des chefs d’état sont renversés ou meurent dans des « accidents » violents. Et si par hasard, les chacals échouent, comme ils ont échoués en Afghanistan ou en Irak, alors les vieux modèles resurgissent. Quand les chacals échouent, on envoie de jeunes américains se faire tuer.

Comme je passais à coté de ce monstre, ce mur géant et balourd de béton gris qui s’élevait de la rivière, j’étais conscient de la sueur qui détrempait mes vêtements et de crampes dans mes intestins. Je descendais vers la jungle pour rencontrer les indigènes qui étaient résolus à se battre jusqu’au dernier homme pour arrêter cet empire que j’avais aidé à créer. J’étais accablé par mon sentiment de culpabilité.

Je me demandais comment un gentil gars de la campagne du New Hampshire comme moi avait pu se faire embrigader dans une aussi sale affaire."

Préface (traduit de l’anglais par Catherine Palmowski)

"Les “tueurs à gages économiques” ou TAGEs sont des professionnels grassement payés qui escroquent des pays partout dans le monde de trillions de dollars. Ils canalisent l’argent de la Banque Mondiale, de l’Agence Américaine Pour le Développement International, et autres agences d’aide internationales vers les coffres de grosses multinationales ou de quelques familles richissimes qui contrôlent les ressources naturelles de la planète. Les outils dont ils se servent, sont entre autres les rapports financiers frauduleux, les élections truquées, les pots de vin, l’extorsion, le sexe et le meurtre. Ils jouent à un jeu vieux comme le monde, mais qui avec la mondialisation a pris une nouvelle et terrifiante dimension.

Je le sais d’autant mieux que j’ai été un de ces tueurs à gages économiques.

J’ai écrit cela en 1982 en introduction à un livre dont le titre était La conscience d’un tueur à gages économique. Le livre était dédicacé aux présidents de deux pays, des hommes qui avaient été mes clients, que je respectais et considérais comme des âmes sœurs -Jaime Roldós, président de l’Equateur et Omar Torrijos, président du Panama. Tout deux sont morts dans des accidents spectaculaires. Leurs morts n’étaient pas accidentels. Ils furent assassinés parce qu’ils s’opposaient à cette fraternité de chefs d’entreprise, de gouvernements et de banquiers dont l’objectif est l’empire globale. Et comme nous, les tueurs à gages économiques avions échoués dans nos tentatives de les convaincre, ce sont les chacals appointés par la CIA (qui étaient toujours là dans l’ombre derrière nous) qui ont pris la relève.

On m’a convaincu d’interrompre la rédaction de mon livre. Je l’ai repris à quatre reprises pendant les vingt ans qui ont suivi. A chaque fois, ma décision de le reprendre, m’a été dictée par des évènements de l’actualité internationale, l’invasion du Panama par les USA en 1980, la première guerre du golf, la Somalie et l’ascension de Osama bin Laden. Toutefois, à chaque fois, j’ai été persuadé de l’interrompre soit par des menaces ou des pots de vin.

En 2003, le président d’une grande maison d’édition qui appartient à une puissante entreprise internationale lut une ébauche de ce qui entre temps était devenu Les confessions d’un tueur à gages économique. Il décrivit l’ouvrage comme « une histoire fascinante qui méritait d’être racontée ». Puis il sourit tristement, secoua la tête et me dit que les gros bonnets du siège s’opposeraient à sa parution et qu’il ne pouvait donc se permettre de le publier. Il me conseilla d’en faire un roman. « Nous pourrions alors vous commercialiser comme un romancier dans le genre de John Le Carre ou Graham Greene. »

Mais ce n’est pas de la fiction, c’est la véritable histoire de ma vie. Un éditeur plus courageux qui n’appartient pas à une multinationale a consenti à m’aider à la raconter.

Il faut que cette histoire soit racontée. Nous vivons à une époque de crise terrible, mais aussi de d’opportunités immenses. L’histoire de ce tueur à gages économique raconte comment nous en sommes arrivée là où nous sommes et pourquoi nous sommes actuellement confrontés à des crises qui semblent insurmontables. Cette histoire doit être racontée, parce que ce n’est qu’en comprenant nos erreurs passées que nous serons en mesure de profiter des opportunités futures, parce que le 11 septembre a eu lieu, ainsi que la seconde guerre d’Irak, parce que aux 3000 personnes qui sont mortes le 11 Septembre des mains des terroristes, il faut ajouter les quelques vingt quatre mille qui sont mortes de faim ou de causes imputables à la faim. En fait, vingt quatre mille personnes meurent tous les jours parce qu’ils sont privés de la nourriture nécessaire à les maintenir en vie. Plus important encore, cette histoire doit être racontée parce que aujourd’hui pour la première fois dans l’histoire, une nation a la capacité, l’agent et le pouvoir de changer tout cela. C’est la nation où je suis né, celle que j’ai servi en tant que tueur à gages économique : les Etats-Unis D’Amérique.

Qu’est ce qui m’a enfin décidé à ignorer les menaces et les pots de vin ?

La réponse brève est que mon seul enfant, Jessica, a fini ses études et mène aujourd’hui sa propre barque. Quand je lui ai récemment dit que j’envisageais de publier ce livre et que je lui ai fait part de mes craintes, elle m’a dit « ne t’inquiètes pas papa, s’ils arrivent à t’avoir, je reprendrais là où tu te sera arrêté. Il faut que nous le fassions pour les petits enfants que j’espère un jour te donner ! »

La version plus longue se rattache à mon dévouement au pays où j’ai été élevé, mon attachement aux idéaux exprimés par nos pères fondateurs, mon engagement envers la république américaine qui nous est promise aujourd’hui, « la vie, la liberté et la poursuite du bonheur » pour tous et partout, et à ma détermination après le 11 septembre à ne plus rester à ne rien faire tandis que les tueurs à gages économiques transforment cette république en un empire global. Ceci est le schéma simplifié de la version longue qui sera développé dans les chapitres suivants.

Ceci est une histoire vraie dont j’ai vécu chaque minute. Les endroits, les personnes, les conversations et les sentiments que je décris ont tous fait partie de ma vie. C’est mon histoire personnelle et cependant elle s’est déroulée dans le contexte plus large des évènements mondiaux qui ont façonné notre histoire, nous ont menés là où nous sommes aujourd’hui, et constituent les fondations de l’avenir de nos enfants. J’ai fait de mon mieux pour restituer ces expériences, ces personnes, et ces conversations de la façon la plus fidèle possible. Chaque fois que je parle d’évènements historiques ou que je reconstitue des conversations avec d’autres personnes, je le fais à l’aide de différents outils dont des documents publiés, des archives personnelles et des notes, des souvenirs -les miens et ceux d’autres personnes qui étaient présentes ; les cinq manuscrits que j’ai commencé autrefois ; et des comptes rendus historiques par d’autres auteurs, plus particulièrement ceux qui ont été publiés récemment et qui révèlent des informations jusqu’ici classés secrets ou indisponibles autrement. Des notes et des références sont fournies pour permettre aux lecteurs intéressés d’approfondir ces sujets.

Mon éditeur m’a demandé si nous nous référions à nous mêmes comme des tueurs à gages économiques, je lui ai dit que oui, bien qu’en général nous nous contentions d’utiliser les initiales TGE. En fait, le jour de 1971 où j’ai commencé à travailler avec mon professeur Claudine, elle m’a dit : « Ma mission est de faire de vous un tueur à gages économique. Personne ne doit être au courant de votre implication__ pas même votre femme. » Puis plus sérieusement elle me dit « Une fois là dedans, vous y êtes pour la vie. » Après cela elle utilisa rarement le terme tueur à gages économique, nous étions simplement des TAGEs.

Le rôle de Claudine est un exemple fascinant de la manipulation à la base du travail que j’allais désormais accomplir. Belle et intelligente, elle était très efficace, elle comprenait mes faiblesses et les utilisait tout à son avantage. Son travail était à l’image des rouages qui permettent au système de rester sur les rails. Claudine ne mâchait pas ses mots lorsqu’elle décrivait les taches que je serais amené à accomplir. Mon travail serait « d’encourager les dirigeants mondiaux à faire partie d’un vaste réseau dont le rôle est de promouvoir les intérêts commerciaux des Etats-Unis. A la fin, ces dirigeants se retrouvent pris au piège dans une toile d’araignée de dettes de façon à assurer leur loyauté. Nous pouvons ainsi faire appel à eux chaque fois que c’est nécessaire pour satisfaire nos besoins politiques, économiques ou militaires. En échange, ils renforcent leurs propres positions politiques en fournissant des parcs industriels, des usines électriques et des aéroports à leurs peuples. Les propriétaires des entreprises américaines d’engineering et de construction deviennent fabuleusement riches.

Aujourd’hui nous voyons les effets pervers de ce système. Les dirigeants de nos entreprises les plus respectés embauchent des travailleurs à des salaires de misère et les font travailler dans des conditions inhumaines dans des ateliers en Asie. Les compagnies pétrolières déversent abusivement des toxines dans les rivières des forêts tropicales, tout en sachant qu’elles tuent des gens, des animaux et des plantes et commettent un génocide à l’encontre des anciennes civilisations et cultures. L’industrie pharmaceutique refuse de fournir les médicaments salvateurs à des millions d’africains atteints du SIDA. Dans notre propre pays les Etats-Unis, douze millions de familles se font du souci pour leur prochain repas. L’industrie énergétique produit des Enron, la comptabilité des Arthur Andersen. Le ratio des revenus d’un cinquième de la population mondiale dans les pays les plus riches par rapport à celui du cinquième de la population dans les pays les plus pauvres est passé de 30 :1 en 1960 à 74 :1 en 1995. Les Etats-Unis dépensent plus de $87 milliards à mener la guerre en Iraq alors que les Nations Unis estiment que pour moins de la moitié de cette somme, nous pourrions fournir de l’eau potable, de la nourriture en quantité suffisante, des services sanitaires et une éducation de base à chaque personne dans le monde.

Et nous nous demandons pourquoi les terroristes nous attaquent !

Certains seraient tentés d’attribuer nos problèmes actuels à une conspiration organisée. J’aimerais que ce fût si simple. Les membres d’une conspiration peuvent être pourchassés et déferrés à la justice. Toutefois, ce système est alimenté par quelque chose de bien plus dangereux qu’une conspiration. Il est mû non par un petit groupe d’hommes mais par un concept qui est maintenant accepté comme l’évangile : l’idée que toute croissance économique profite à l’humanité et que plus la croissance est grande, plus grands sont les avantages. Cette croyance a aussi pour corollaire que les gens qui excellent à alimenter les feux de la croissance doivent être portés aux nues et récompensés, tandis que ceux qui sont nés aux marges de cette société sont là pour être exploités.

Ce concept est bien sur erroné. Nous savons que dans de nombreux pays, les avantages de la croissance ne profitent qu’à une petite portion de la population et peuvent en fait conduire à une situation encore plus désespérée pour la majorité. Cet effet est renforcé par la croyance corollaire que les capitaines d’industrie qui conduisent le système doivent bénéficier d’un statut spécial, une croyance qui est à l’origine de beaucoup de nos problèmes actuels et qui explique peut être l’abondance des théories de la conspiration. Quand les hommes et les femmes sont récompensés pour leur cupidité, la cupidité devient un mobile corrupteur. Quand nous assimilons la consommation gloutonne des ressources de la terre à un statut proche de la sainteté, quand nous enseignons à nos enfants à suivre l’exemple de personnes qui mènent des vies déséquilibrées et lorsque nous subordonnons d’énormes sections de la population à une élite minoritaire, nous cherchons les ennuis et nous les trouvons.

Dans leur effort pour promouvoir l’empire global, les entreprises, les banques, et les gouvernements (qui collectivement forment ce que j’appellerai désormais la « corporatocratie ») utilisent leur puissance économique et politique pour s’assurer que nos écoles, nos entreprises et les médias soutiennent à la fois ce concept fallacieux et son corollaire. Ils nous ont amené au point où notre culture globale est devenue une machine monstrueuse qui exige des quantités de fuel et de maintenance qui augmentent sans cesse de manière exponentielle, de telle sorte qu’elle finira par dévorer tout ce qui est en vue et n’aura pas d’autre choix que de se dévorer elle-même.

La « corporacratie » n’est pas une conspiration, mais ses membres adhèrent à des valeurs communes. Une de ses fonctions majeures est de perpétuer et sans cesse étendre et renforcer le système. Les vies de ceux qui la « créent » et leurs équipements : hôtels particuliers, yachts, jets privés -sont présentés comme des modèles qui doivent nous inspirer et nous pousser tous à consommer, consommer, consommer. Toutes les occasions sont bonnes pour nous convaincre qu’acheter est un devoir civique et que piller la terre est bon pour l’économie et sert donc nos intérêts supérieurs. Des gens comme moi touchent des salaires outrageusement élevés pour servir le système. Si nous échouons, un type plus méchant de tueur à gages, le chacal, prend notre place. Et si le chacal échoue, c’est l’armée qui prend le relais.

Ce livre est la confession d’un homme qui, lorsqu’il était un TAGE a fait partie d’un groupe relativement restreint. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de gens qui jouent des rôles similaires. Ils portent des titres plus euphémistiques et arpentent les corridors de Monsanto, General Electric, Nike, General Motors, Wall Mart et de presque toutes les autres grandes multinationales. Dans un sens très réel, Les Confessions d’un tueur à Gages, est autant leur histoire que la mienne.

C’est aussi votre histoire, l’histoire de votre monde et du mien, celle du premier empire vraiment global. L’Histoire nous montre qu’à moins que nous ne modifiions cette histoire, elle ne peut que se terminer tragiquement. Les Empires ne durent jamais. Tous sans exceptions ont échoués lamentablement. Les empires détruisent bien des cultures tandis qu’ils se lancent dans une course vers une domination toujours plus grande et ensuite ils tombent à leur tour. Aucun pays, ni association de pays ne peut prospérer à long terme en exploitant les autres.

Ce livre a été écrit pour que nous puissions en tenir compte et remodeler notre histoire. Je suis sur que lorsque un nombre suffisant d’entre nous aura réalisé à quel point nous sommes exploités par la machine économique qui crée cet appétit insatiable pour les ressources du monde et qui aboutit à des systèmes qui favorisent l’esclavage, nous ne le tolèrerons plus. Nous réexaminerons notre dans un monde où un petit nombre nage dans l’abondance alors que la majorité se noie dans la pauvreté, la pollution et la violence. Nous nous engagerons à poursuivre une route qui mène vers la compassion, la démocratie, et la justice sociale pour tous.

Admettre l’existence d’un problème est un premier pas vers la solution de ce problème, notre salut et qu’il nous inspirera une plus grande implication personnelle et nous conduira à réaliser notre rêve de sociétés équilibrées et honorables."


Digne d'un roman de John le Carré, effectivement, palpitant.... qu'en dire ?
A mes yeux, ce document circulant sur le web ne bénéficie pas de caution (source authentique ou pas ? faits fictifs ou non ?) mais là n'est pas la question ! Si édifiant soit ce récit, un récit comporte toujours une part de vérité ce qui lui permet d'être crédible... Et quelque soit la proportion de cette part de vérité dans ce récit, ce récit n'en reste pas moins intéressant de ce point de vue, et pas moins édifiant...

18 septembre 2005

"La mémoire"

Il y a exactement dix années, j'écrivais:

"C'est au travers de la vision, de l'ouïe, de l'odorat, du toucher et de bien d'autres expériences sensuelles que la pensée se formule et l'esprit se forme (...) La mémoire devient alors une expérience purement corporelle conditionnant notre conscience permettant alors l'élaboration de miroirs langagiers provoquant nos doux troubles spirituels. La mémoire est celle de notre corps qui conditionne nos intentions, elle se fait alors fluctuante et fugitive."

Quelle expérience aurais je de la mémoire avec l'AYAHUASCA ?

17 septembre 2005

"Comment vivre ensemble"


Sur le delta du Waouri, Douala, Cameroune

Je ne cesse de penser à cette question sous ses différents aspects:
De mon point de vue et du point de vue des indigènes qui vont m'accueillir, et un terme ressort en permance: 'rythme'
Car au delà des questions des différences culturelles, des problèmes de langages, de communication, je pense que les relations interhumaines générées dans un tel contexte seront essentiellement basées sur la synchronisation des différents rythmes individuels...
Car si je suis discret, et je ne serais pas moins observateur, et l'activité d'observer va conditionner beaucoup de choses au niveau de mon rythme de vie; de la même façon je serais observé, analysé par les indigènes et cette activité pertubera certainement leurs rythmes propres. J'ai l'intuition que ce phénomène pendant mon séjour ne s'éternisera pas, car fatalement et inexorablement il y aura une synchronie de nos différents rythmes pour arriver à un rythme commun.

Si ce post reprend le titre du premier cours de Roland Barthes au Collège de France en 1976, c'est que Roland Barthes expliquait et décrivait très bien ces phénomènes, il avait même défini un terme: "idiorythmie"
Dans ce cours, il parle aussi bien des expériences monastiques (en effet certain moines vivent en communauté fermée, isolée et restreintes, et il citait l'exemple de certains moines bouddhistes au Sri Lanka...) que des sociétés, des phalanstères, familles ou couples, il s'agit principalement du "vivre ensemble" des groupes très restreints, dans lesquels la cohabitation n'exclut pas la liberté individuelle...
Et plus je pense aux conditions de mon immersion, plus je pense que je vais faire l'expérience d'une sorte d'idiorythmie, et je me demande même si cette expérience ne me mènera pas, pendant mon séjour à une forme d'ascèse...

Si tel est le cas, cela sera bien la première expérience ascétique de ma vie...

16 septembre 2005

"Préoccupations matérielles"


Un Jivaros tribu Shuar


Les préparatifs de l'expédition se poursuivent:
- Achat des billets d'avion pour Quito: Je partirai le 7 Octobre et reviendrai le 19 à Paris.
- Je me préoccupe également des questions sanitaires, car les seuls dangers que je vois à mon endroit ne sont pas d'ordres humains, mais d'orbres biologiques, j'ai un donc un rendez vous personnalisé avec l'institut Pasteur le 20 septembre à 9h30 pour me faire piquer et immuniser...
- Achat du matériel pour la réalisation du projet sur place, et, là, on rentre dans le gros su sujet, il s'agit d'un vrai poème:

* La logistique:
– Offrandes diverses à destination des shuars en échange du gîte et couvert (dans une cahute en feuille de bananier en pleine jungle): poudre noir, grenailles, petit plombs, perles de verres colorées, pièces de cotton, fers de hache, machettes, quincaillerie de cuisine, médicaments...
En effet ces éléments de trocs sont très coûteux pour cette population: ils les échangent contre des peaux de pécaris et ont un grand besoin d' éléments de première nécessités (pacotilles, pièces d'étoffe et quincaillerie pour les épouses du village, et matériel agricole et matériel de chasse pour les hommes). Autant le chaman en chef notable de sa fédération est connecté au web, autant ses congénéres dans le village se trouvent dans une autre situation. L'argent dans ces contrées, ne sert à rien, tout se fait par du troc, il faut que j'achète à Quito des stocks de ce genre de marchandises afin d'en faire un usage monétaire dans un tel contexte.

* L'objectif visé pour l'installation au Palais de Tokyo:
- Il s'agit d'une caméra qui enregistrera 24h00 de la vie d’un village shiwiar : 1 jour et une nuit. Le film sera enregistré sur un disque dur et vidéo-projeté au palais de tokyo en boucle de X heures.
C'est là l'intention, mais concrètement, il s'agira de faire fonctionner un appareil numérique (nikon coolpix 8400) qui a un intervallomètre ce qui permet des prises de vue à intervallé régulier (3 images/ sec.) pendant une période donnée (24h00). Les images seront de très haute définition, et de qualité bien meilleure qu'une image vidéo, et seront plus adaptées à la restitution sur un mur vidéo au Palais de Tokyo:
On gagnera en définition d'images et en qualité chromatique. Du fait de la saisie de 3 images sec, et du fait du montage en film de 5 Images secondes:
Nous aurons: 259 200 photos produites stockées sur un disque externe de 1 tetra (1000 Giga octets !)
Ces 259 200 images montées en film de 5 images secondes donneront une animation de 51 840 secondes, ce qui fait une boucle d'une durée de 14H24 minutes (je vous invite à verifier mes calculs).
C'est là le but que je me suis fixé, en espérant que dans les conditions extrêmes que comporte le lieux de la prise de vue (plan fixe), j'espère que le matériel (un appareil photo numérique connecté à un portégé de toshiba connecté au disque externe, alimenté par des panneaux solaires et des batteries tiendront 24h00 ;-)

*Source d’énergie :
- La solution énergie solaire est retenue pour sa légèreté, sa fiabilité et son aspect non polluant qui utilise des énergies renouvelables. Il faut faire très attention à vérifier la capacité des batteries de l’ordinateur, car les panneaux se connectent directement sur l’ordinateur via une connexion allume – cigare. Et il ne faut pas oublier que la nuit, le tout sera inactif faute d’énergie, pour l'ordinateur qui est très gourmand, la nuit, la solution du groupe électrogènee est choisie:
- PowerFLEX 20 Watts
- 1 câble d’alimentation pour le toshiba
- 1 chargeur solaire i-sun pour le petit matériel électronique
- 1 groupe électrogène Honda EX 7: ce groupe sera offert à la communauté indigène pour leur réseau radio


* Liste de matériel nécessaire pour la capture en temps réel de 24h00:
- 1 Disque dur externe 1 tetra octet (1000 Go) connexion firewire 800, firewire et USB 2.00 pour la catpture d'une vue de 24h00 en temps réel du village
- 1 Nikon coolpix 8400 pour la saisie de 1 jour et 1 nuit de la vue du village
- 1 ordinateur portable toshiba portégé

*Pour le blog:
Le blog sera une publication en ligne en temps réel grâce à une connexion permanente stallite, chaque jour grâce à un téléphone Irridium je dicterai à un opérateur à Paris mes textes: Des textes seront publiés en temps réel lors de mon immersion dans la communauté shiwiar : tous mes déplacements seront géolocalisés grâce au GPS, et les textes mêleront littérature de voyage scientifique (dans l’esprit de ‘Tristes tropiques’ de Claude Lévi-Strauss), témoignages ethnographiques et introspection subjective ( le décalage culturel et e choc psychologique et physiologique subi).

*Matériel de protection anti-humidité:
Pour finir, tout le matériel a besoin d'être sécurisé dans des conditions aussi extrêmes, tant au niveau de son transport, que son stockage pendant le séjour:
- 1 tente Igloo avec déshumidficateur (bureau de travail en condition sèche)
- Quatre déshumidificateurs pour le caisson du portable et pour le caisson du matériel vidéo et photo: PeliDesicant
- 1 caisson antihumidité parfaitement étanche pour conditions extrême et antichoc pour le toshiba : Pelican #1490 attaché/computer case.
- 1 caisson de transport antichoc, antihumidité et étanche pour conditions extrêmes, pour le matériel photo et vidéo: ref case 1600
- 1 étui étanche pour le GPS
- 2 Boitiers étanche pour la caméra vidéo
- 1 boitier étanche pour l'appareil photo
- 1 pack de 5 scahets déshumidficateurs

On ne peut imaginer ce que peut représenter en terme logistique, la saisie d'images en de telles conditions, surtout lorsque nous adoptons la solution la plus légère....
Car il ne s'agit tout de même pas d'une émission TV de Nicolas Hulot ;-)

15 septembre 2005

"Les bonnes vertus du chamanisme certifié authentique"


Monkey Forest, Ubud, Bali

L'Amazonie et les cultures indigènes vivant dans cette luxuriance, nourries de vie spirituelle intense émaillée de chamanisme sont le fervent terreau de toutes sortes de spiritualités bon marché en occident:
En ce qui concerne les shuars et les jivaros, du fait de leur spiritualité favorisant le perception de la réalité par le biais des hallucinations, on peut aisément imaginer quel type de spiritualités exportées se retrouvent en nos bonnes contrées.
On ne compte plus les associations, en France et en Europe, se réclamant de la défense de la culture indienne, envoyant des groupes entiers dans des communautés indigènes subir des stages de chamanisme, quand ce ne sont pas les associations qui font venir d'authentiques chamanes en Isère ou dans le sud ouest autour de joyeux feux de joie, et proposant de bons stages de chamanisme contre monaie trébuchante... Est ce un chamanisme de terroir ?
Ne souriez pas ! Car tout cela se nourrit de tractations financières et de commerces 'équitables' remplissant des comptes en banque bien européens, et bien sur, le chamane de passage y verra son ego flatté, son pouvoir chamanique augmenté avec de nouveaux tsentaks (flèches magiques) acquises sous nos cieux, puis de retour dans sa communauté, ses récits nourriront les rêves de ses congénères qui l'écouteront les yeux ébahis...
Est-ce notre monde globalisé et hyper consumériste qui provoque une telle soif de spiritualité ? au point de voir de bons cartésiens hyper-diplômés tomber dans des psychoses sur commande ?
Le plus étonnant à mes yeux, est le réseaux de malentendus que ces démarches soient disantes, bien pensantes et intentionnées génèrent:
- Les Chamanes, au retour de leurs voyages s'arguent de nouveaux pouvoirs magiques, leur permettant ainsi d'assoir leur pouvoir face à leurs rivaux, pouvant ainsi provoquer des remous dans les savants équilibres dans les rapports sociaux établis dans leur communauté.
- Les Occidentaux qui se retrouvent à l'issu de tout cela de bons cas psychiatriques traités par des ethnopsychiatres...

Car, au final, ce qui reste de ce qui pourrait être défini comme 'culture indigène', n'est plus qu'un substrat censé rassasier la fringale spirituelle de nos chères têtes blondes. Pourrions nous parler d'une forme "d'anthropophagie spirituelle" ?
L'expression est un peu abusée, mais la métaphore n'en est pas moins pertinante...
Une fois ces stages terminés, et que chacun rentre chez soi, quels sont les dégats ?
Pour l'instant je ne peux parler que de ceux qui surviennent chez nous, de notre côté:
Les indigènes d'Amazonie et les jivaros, les shuars et a-shuars ont appris à domestiquer leurs hallucinations, voir à les diriger, les maîtriser, leur permettant ainsi d'appréhender une abstraction de leur environnement direct, mais qu'en est il de l'occidental qui, sous l'effet de l'AYAHUASCA, va ouvrir violemment la porte de son inconscient et subir ce qu'il vomira. Car notre culture ne nous a pas appris à maîtriser, domestiquer ces hallucinations et encore moins à les décoder et les lire, comme peuvent le faire les indigènes. Chez nous tout passe, soit par le filtre de la psychanalyse ou par l'appréhension d'une réalité purement factuelle, qu'advient t'il quand les cloisons séparant les rêves de la vision, les peurs des cauchemars, les désirs des fantasmes se dissolvent ?
Visitez les salles d'attente, pleines de patients qui plusieurs mois après leur retour d'Afrique ou d'Amazonie se retrouve en thérapie ethnopsychiatrique pour se reconstruire.... Et là pleuvent en cascade, les cas psychotiques, dépressifs et les cas de crises identitaires diverses

Le plus triste est que je ne sais si il s'agit d'un fait dramatique ou affreusement comique...
Une chose est sure, fuyez ces associations s'improvisant comme l'insitution patentée de la défenses des peuples premiers et intéressez vous aux ONG, organismes indigènes dont vous trouverez les liens sur la droite, ou encore à Survival international.

Vos comentaires sur le forum sont les bienvenus

14 septembre 2005

Pétrole et déplacement de populations



"BBB, Oil shame" Jota Castro 2004.


Ce jour j'ai reçu le mail suivant via ce blog, et je remercie l'auteur de nous faire parvenir cette info:

"bonjour,

j'ai pris connaissance de votre blog et du projet qui va se dérouler au Palais de Tokyo.

je me permets de vous informer que sera diffusé sur notre antenne, aujourd'hui en fin d'après -midi ( 18h20 environ) un reportage réalisé cet été en Equateur. il ne s'agit pas des Shiwiar mais des Huorani, venus de la forêt jusqu'à Quito pour protester contre les accords passés en douce entre le gouvernement et les compagnies pétrolières étrangères, qui ont comme principales conséquences de nouveaux déplacements de population et l'extinction des Huaoranis... nous écouterons donc Luis Marcos, président de la confédération des nationalités indigènes d'Equateur.

www.radio-pulsar.org

Hélène bannier"

Hien je parlais du rachat d'Encana par un conglomérat pétrolier gouvernemental chinois et des conséquences possibles sur les indigènes:
Quand les infos se suivent et s'emboîtent comme un jeux de dominos, existe t'il un lien entre le post d'hier et cette info ? je ne le sais ? mais toujours est il que ces deux informations, qu'elles aient une relation de cause à effets, ou qu'elles soient de simples faits concomittants; elles ne dépeignent pas moins une dure réalité occultée par la hausse du prix du baril, et de la misère grandissante de nos pêcheurs de sardines (Journal télévisé de ce jour sur France 2). Et le plus triste, face à ces deux réalités, une constante, la misère...

13 septembre 2005

EnCana vend ses actifs pétroliers et pipelines en Ecuador à Andes Petroleum pour 1,42 milliards dollars US



"EnCana selling oil and pipeline business in Ecuador to Andes Petroleum for US$1.42B"

September 13 2005, CALGARY (CP) - EnCana Corp. is selling all of its shares in subsidiaries that have oil and pipeline interests in Ecuador to Andes Petroleum Co., a joint venture of Chinese state-owned petroleum companies, for about $1.42 billion US.
Calgary-based EnCana TSX:ECA, one of North America's leading natural gas producers with major holdings in the Rocky Mountains and the Alberta oilsands, said Tuesday the deal is expected to close before year-end, subject to approval by the government of Ecuador and other conditions.

"This planned sale marks essentially the final step in sharpening the focus on our unparalleled portfolio of unconventional natural gas and oil resources in North America," CEO Gwyn Morgan said in a release.
"It is also about concentrating our efforts and investment where we have clear competitive advantage. Since EnCana was formed in early 2002, we have reached agreements to divest of more than $10 billion in non-core assets."
Proceeds from the sale are expected to be directed to debt reduction and the continuation of EnCana's share buyback program.

The firm's Ecuador interests include:
-100 per cent interest in the Tarapoa Block, with production of about 38,000 barrels of oil a day;
-A 40 per cent non-operated economic interest in Block 15, with production of about 30,000 barrels of oil per day;
-Interests in three other blocks producing about 7,200 barrels of oil per day;
-Proved reserves of 143 million barrels as of Dec. 31, 2004'
-And a 36.3 per cent interest in the OCP Pipeline, 500 kilometres long and with a capacity of 450,000 barrels of oil per day.

EnCana also said it is continuing with the previously announced divestiture of its natural gas liquids business and its gas storage assets in North America, to be completed over the next six months.
In August, another Canada-China deal saw China National Petroleum Corp. make a $4.2-billion-US offer for PetroKazakhstan Inc. (TSX:PKZ) of Calgary.

When we know how China is greedy about energy ressources regarding its economic developement, we may think that the Gaz Bizness pressure in this area is not ready to stop...

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En français
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"EnCana vend ses actifs pétroliers et pipelines en Ecuador à Andes Petroleum pour 1,42 milliard dollars US"

13 Septembre 2005, CALGARY (CP) - Encana Corps vend tous ses actifs pétroliers et ses intérêts dans les pipelines en Ecuador à Andes Petroleum Co., une joint venture de pétroliers chinois gouvernementaux, pour envrion 1.42 milliards de dollars US
La société Encana basée à Calgary TSX:ECA, est l'un des plus importants producteurs nord américain de gaz naturel avec d'autres holdings dans les régions pétrolières de Rocky Mountain et de l'Alberta. Il a été annoncé ce mardi que ce deal devrait être conclu avant la fin de l'année, bien qu'asujetti à l'aprobation du gouvernement équatorien et à d'autres conditions.

"Cette cession planifiée marque le pas final dans la clarification de nos portfolios parallèles non conventionnels concernant les ressources en gaz naturel sur le continent Nord-américain", a dit le PDG Gwyn Morgan en conférence de presse.
"Il s'agit également de concentrer nos efforts et investissements là où nous avons les avantages les plus compétitifs, depuis qu'Encana a été fondé en 2002. Nous avons atteint nos objectifs de se dépouiller de 10 milliards de dollars de capitaux périphériques à nos actifs principaux."
Les recettes de cette vente seront dirigées vers la réduction de la dette et vers la poursuite du programme de rachat des actions Encana.

La firme équatorienne comprend:
- 100% des parts du Block Tarapoa, avec une production de 38 000 barils/jour
- 40% des parts du Block 15 non encore opérationnel, avec une production de 30 000 barils/jour
- Des parts dans trois autres Blocks pour environ 7 200 barils/jour
- Une réserve estimée au 31 Décembre 2004 à 143 millions de barils
- Et 36.3 % des parts dans le pipeline OCP, long de 500 km avec une capacité de 450 000 barils/jour

Encana a également annoncé que son désengagement dans les investissements pétroliers et en gaz naturel sur le continent nord américain, devrait se poursuivre dans les six prochains mois.
En Août, un autre deal Sino-canadien avait vu China Petroleum Corp. faire une offre de 4.2 milliards de dollars US pour PetroKazakhstan Inc. (TSX:PKZ) de Calgary.

Quand on connaît la gourmandise chinoise en ressources énergétiques, conséquences directes du développement économique ahurissant de ce pays, on peut penser que la pression pétrolière en Amazonie dans cette région, n'est pas prête de s'atténuer...