Un lien entre le peuple Shiwiar, vivant en Haute-Amazonie,
et le Palais de Tokyo, site de création contemporaine, à Paris.
Un projet de Valéry Grancher 2005
29 septembre 2005
Le regard
Pirogues sur le Waouri, Douala, Cameroune
Je ne suis pas ethnologue, je ne suis pas anthropologe, je ne suis pas philosophe, je ne suis pas un auteur littéraire mais juste un artiste plasticien. Je n'ai aucune réponse, que des questions, des questions qui éloignent mon horizon et apportent de nouvelles questions qui en apporte encore et encore de nouvelles... A chaque question, une porte, un passage et l'horizon recule. Je ne cherche pas mais je trouve, des évidences poétiques, plastiques qui n'ont besoin d'aucun discour et encore moins de certitudes. Chacune de ces évidences apporte un goût de finitude, la vision de sa propre fin, et cette vision là aiguise le regard chaque jour.
Ce regard questionne le monde autour de moi, ces questions représentent "une distance", "une césure" entre le monde et moi, qu'irrésistiblement je comble par des trouvailles, ces évidences plastiques...
La modernité, la post modernité, et la globalisation tend à abolir cette distance, alors je comprend mes choix pour ce projet:
Je ne fais pas exposition à New York, je ne parle pas de Tokyo encore moins de Mongok à Hong Kong comme je peux le faire à la Triennale d'Hasselt en Belgique:
Que je sois à New York, Tokyo ou Hong Kong je reste artiste, je suis derrière mon masque social, et, je l'avoue, parfois, j'adopte une posture (celle que l'on attend de moi). On échappe pas à son image qui nous identifie, on est cette image au même titre que l'on vit son identité.
Mais que serais je à Tanguntsa ? je ne serais certainement pas perçu comme artiste et je n'aurai aucun masque social et aucune posture ne sera possible...
Je serai un homme face à d'autres hommes, et je ne cesserai d'être fasciné par l'universalité de l'humain au délà des croyances et des certitudes...
J'évoquais un souvenir d'Afrique, il y a quelques semaines: "la régression feotale que l'on ressent au coeur d'une jungle", et ce que je décrivais comme une "régression" n'en est pas une, je me dis que quand je serai entre deux lieux, entre deux rives sur une pirogue, je ne pourrai m'empêcher de regarder cet écran bleu au dessus de ma tête, et sur les deux rives cet écran vert hébergeant une multitude d'êtres fantastiques, de non humain, mais là dans cette nature pleine, je ne serais guère différent de ces autres, pas moins animal qu'humain, juste un être conscient de sa précarité...
Et là aucune transcendance, aucun mysticisme, juste la synchronisation de l'esprit, du corps, au sens physique, pleinement physique...
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