02 septembre 2005

The shiwiars project


Singe laineux, village de Tanguntsa, Amazonie, Valéry Grancher 2005



L'origine de ce projet repose sur deux faits:

- La globalisation entraînant une déforestation, une détérioration climatique et la disparition des communautés indigènes premières.
- Les émotions acquises aux cours de lectures que je recommande le plus vivement avant la consultation de ce projet.

En effet de nos jours, l'amazonie véhicule toutes sortes de fantasmes exotiques, d'aventures, et à la fois une image de virginité à préserver à tout prix. Mais de quelle virginité parle t'on ? que cache ce besoin de sauvegarde basée sur le dessin de frontières infranchissables et sur la sédentarisation des indigènes dans des soi-disant 'parcs naturels' ?
Et que dire des disparitions et déportations en nombre de petites tribus lors de prospection minières ?

De nos jours, on s'émeut fortement sur la disparition des territoires des ours blancs en arctique due à la fonte de la banquise provoquée par le réchuaffement de la planète provoqué par notre consumérisme histérique; mais on ne parle guère de la disparition d'hommes dans les forêts vierges déforestées et sur-exploitées; la disparition des oiseaux est beaucoup plus sensationnelle pour les médias et plus émouvantes que celle des hommes qui nous renvoient l'image de notre barbarie:
Les hommes nous jugent, pas les animaux, ces victimes humaines à nos yeux ne peuvent être tout à fait innocentes...

Les Jivaros d'Equateur ne sont ils pas d'affreux barbares réducteurs de têtes ?

C'est bien pour cette raison, que pour ce projet mon intérêt s'est porté sur cette communauté qui a su très tôt (dès les années 60) instaurer un dialogue politique et économique avec notre monde. Ces derniers sont tout aussi victimes des mêmes fléaux et maux qui touchent ce vaste territoire forestier et représente par excellence le faux cliché 'barbare primitif' accolé aux indigènes.

Ainsi ce blog narrera mon bref voyage et immersion dans une communauté shiwiars de 18 âmes à la frontière du Pérou et de l'Equateur en Haute Amazonie dans une région nommée 'Pastaza'. Il s'agit du petit village nommé 'Tanguntsa' à une heure de vol en avionnette de Puyo ville pétrolière extrême limite de notre monde civilisé à la porte de ces territoires.
Il s'agit de shiwiars, ce sont à priori des achuars ayant fondé leur propre communauté il y a peu (ethnogénèse). Ils se sont lancé dans un projet eco-touristique afin d'acquérir leurs terres ancestrales. il s'agit du projet Ikiam
Vous pouvez avoir plus d'informations sur ce projet qui se manifestera au Palais de Tokyo Site de création contemporaine du 8 Octobre au 25 Novembre 2005 sur ce Lien

Si je devais vous parler de l'autre origine de ce choix, je vous inviterais à faire ces lectures:

- "Tristes Tropiques" de Claude Lévi Strauss: (ISBN 2-266-11982-6)

Plus encore qu'un livre de voyage, il s'agit cette fois d'un livre sur le voyage. Sans renoncer aux détails pittoresques offerts par les sociétés indigènes du Brésil central, dont il a partagé l'existence et qui comptent parmi les plus primitives du globe, l'auteur entreprend, au cours d'une autobiographie intellectuelle, de situer celle - ci dans une perspective plus vaste: Rapports entre l'Ancien et le Nouveau Monde; place de l'homme dans la nature; sens de la civilisation et du progrès.
Claude Lévi-Strauss souhaite ainsi renouer avec la tradition du "voyage philosophique" illustrée par la littérature depuis le XVI ème siècle jusqu'au milieu du XIXème siècle, c'est à dire avant qu'une austérité scientifique mal comprise d'une part, le goût impudique du sensationnel de l'autre n'aient fait oublier qu'on court le monde, d'abord, à la recherche de soi.

- "Les jivaros" de Michael J. Harner: (ISBN 2-228-88959-8)

De toutes les tribus d'indiens d'Amérique, une seule a réussi à se révolter contre l'empire d'Espagne et a fait échouer toutes les tentatives pour la reconquérir: Les Jivaros. Ils firent une forteresse des forêts de l'est des Andes et ils résistèrent farouchement à toute forme de conquête.
Les récits de leur cruautés ont vite fait le tour de l'Amérique latine et leur réputation de guerriers s'est répandue à la fin du XIX ème siècle quand les trophées Jivaros, les fameuses "têtes réduites", ont commencé à apparaître en Occident.
C'est cet univers singulier, encore très proche de ses traditions jusque dans les années 60, que Harner a voulu étudier. Il se penche sur leur habitat et vie matérielle, puis sur leurs relations sociales, sur les relations avec le monde de l'invisible, notamment grâce au chamanisme.
Cet ouvrage fut l'un des premiers consacrés aux Jivaros qui soit à peu prés sérieux, son mérite en reste là. Car quand on sait qu'aujourd'hui Harner est un de ceux qui délivrent des diplômes de chamanes Jivaros à l'issue de stages payant effectués dans les alpes Suisse au mileux des eldeweïss, on peut se poser quelques questions au sujet de cet individu.

- "Les Lances du crépuscule" Relations Jivaros, Haute-Amazonie. Philippe Descola : (ISBN 2-259-02351-7)

On les appelle Jivaros. Ils préfèrent se dénommer Achuar, les gens du palmier d'eau. Isolés dans la jungle de la Haute-Amazonie, aux confins de l'Equateur et du Pérou, cette tribu légendaire fut protégée durant des siècles de l'incursion des Blancs par son inquiétante réputation de chasseurs de têtes. Plus qu'une condition de leur indépendance, la guerre est pour ces indiens une vertue cardinale; elle donne ddu prestige, renforce la solidarité, raffermit l'identité ethnique et permet le renouvellement rituel des âmes. Grâce à elle, les Achuars sont encore plusieurs milliers, fiers de leurs traditions et farouchement attachés à leur mode de vie.
Ce livre est une chronique de leur découverte et un hommage à leur résistance. L'auteur y relate au quotidien les étapes d'une intimité affective et intellectuelle croissante avec ce peuple dont il a partagé l'existence pendant près de trois années comme anthropologue. Tableau des temps ordinaires comme des évènements tragiques, ce récit évoque aussi un apprentissage initiatique mené à l'écoute des mythes et des chants magiques, de l'interprétation des rêves et de l'enseignement des chamanes. Une pensée riche et poétique s'en dégage, bouleversant nos conceptions de la connaissance, du sentiment du religieux et des rapports à la nature. Des fondements de la violence collective à la logique de la sorcellerie, des principes de l'autorité politique à la définition de l'identité culturelle, de la philosophie de l'échange à l'intelligence de l'environnement, ce témoignage exceptionnel sur une manière libre et presque olubliée de vivre la condition humaine tire d'une expérience singulière un enseignement pour le temps présent.

C'est l'ouvrage de référence sur ce sujet, basé sur une vraie étude de terrain sérieuse, à lire absoluement.