09 novembre 2005

La pièce: l'aboutissement de cette aventure, une installation vidéo "in situ" et "in media situ"


Après ce long chemin au plus profond de la plus grande jungle du monde, et après l'établissement d'un contact avec l'un des plus petits peuples et les plus isolés de la planète, une installation vidéo a été produite qui se trouve être désormais la mémoire plastique de cette expérience:

- Certains, tout au long de ce projet artistique ont cru que ce blog était une oeuvre, que le film de 26 minutes sur l'expédition était aussi une oeuvre et il n'en est rien: Tout cela, le blog, les photos (pour certaines), les vidéos sont des documents d'archives sur la production de cette pièce, ils sont là pour montrer quel cheminement intellectuel, culturel et physique a été pris par l'artiste pour arriver à ses fins, et cela sur le mode subjectif et intimiste, en essayant d'éviter le narcissisme et en ne cachant nullement les doutes et repentir dans la production de cette pièce. Ces documents ont mêlé des références littéraires, ethnologiques, athropologiques, philosophiques, artistiques, politiques, sociales et économiques. Ces documents sont très bavards et provoquent débats... ils suscitent des questions, des incertitudes et j'espère juste qu'après avoir révélé ce chemin intellectuel sur le mode subjectif, les lecteurs en tireront, non pas des conclusions mais des nouvelles questions sur le monde 'regardé' et cela sans prétention avec humilité ...

- La pièce:

Un pland fixe de 6h00 sur le village Tanguntsa en Haute amazonie à la frontière de l'Equateur et du Pérou de 12h00 à la nuit...
En effet aucune action ne se passe dans ce film mais est ce vraiment un film ? une photo ?
Non c'est une fenêtre sur un lieu extrême qui a son propre espace et sa propre temporalité, et cette fenêtre est installée "in situ" au Palais de Tokyo en interagissant avec son architecture, sa lumière et son espace.
Le dispositif est un cube noir très présent, dont les deux faces avant et arrière, présentent cette fenêtre sans cadre et bordure. L'image est coupée au cutter, et ses bord viennent se confronter au contexte du palais, le restaurant d'un côté, et, de l'autre, les espaces d'exposition. Cette image est une intrusion totalement incongrue, épiphanique du village de Tanguntsa avec sa propre vie, son univers sonore, son rythme (1h00 de tanguntsa = 1h00 du Palaisde tokyo), et les deux espaces avec leur quotidien se confrontent ainsi violemment et questionnent le statut de ces deux espaces et leur lien...
L'installation montre tout sans rien montrer, en effet contrairement au petit film, personne ne montre quelque chose, car on voit dans le petit film ce que les indiens veulent bien montrer et laisser entendre d'eux; à l'inverse en "pluggant" leur espace dans le palais de tokyo, ils ne laissent voir que leurs déplacements dans leur village de façon furtive, et le seul spectacle qui se déroule est celui des éléments: la lumière, les végétaux, les animaux, le paysage.

Ainsi cette aventure se termine par un lien subtil qui est une fenêtre sur l'espace de vie des shiwiars sous la forme d'un "ready made" consistant en la capture numérique d'un espace/temps de 6h00 à Tangunsta et en le pluggant dans un espace d'exposition: Le Palais de Tokyo...


Valéry Grancher

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